Première université kazakhstanaise en Russie : KazNU fait sa rentrée à Omsk
université KazNU

Le 28 juillet 2025, une cérémonie officielle a marqué l’ouverture d’une université kazakhstanaise sur le territoire russe. Installée dans les locaux de l’université d’État Dostoïevski d’Omsk (Russie), la nouvelle filiale de l’Univesité natinoale Al-Farabi (KazNU) entend bien jouer un rôle stratégique dans l’espace post-soviétique. Un événement sobrement qualifié d’« historique » par les deux chefs d’État réunis en visioconférence pour l’occasion.

Coopération universitaire : une première historique entre Astana et Moscou

C’est un fait sans précédent : le Kazakhstan, d’ordinaire terrain d’accueil pour les universités russes, exporte pour la première fois l’une de ses institutions phares vers la Fédération de Russie. L’Université nationale du Kazkhstan, plus connue sous le nom de KazNU, a inauguré une filiale à Omsk — concrétisation d’un accord signé à Astana en mai 2024.

Cette ouverture s’est déroulée en présence virtuelle des présidents Vladimir Poutine et Kassym-Jomart Tokaïev, venus célébrer ensemble ce jalon de la coopération bilatérale. « C’est un honneur que le tout premier campus kazakhstanais en Russie ait vu le jour ici, à Omsk », avait déclaré le gouverneur régional, Vitaly Khotsenko, dans un message relayé par l’agence Interfax le 27 novembre 2024.

Une offre académique ciblée : entre diplomatie, langues et commerce frontalier

Mais au-delà du symbole, qu’enseignera-t-on réellement dans cette université ? Selon le ministre kazakh de l’Enseignement supérieur, Sayasat Nurbek, les premiers cursus disponibles dès septembre 2025 seront tournés vers le droit international, la philologie kazakhe et les affaires douanières. Autrement dit, des disciplines calibrées pour la coopération régionale, les échanges transfrontaliers et la préservation linguistique.

Les enseignements seront dispensés en kazakh, russe et anglais. Trois langues, trois portes d’entrée pour un public diversifié, allant des jeunes kazakhs souhaitant rester connectés à leur culture, aux Russes curieux d’un regard extérieur, en passant par des candidats venus de Chine ou de Mongolie, également ciblés dans les campagnes de recrutement.
Le recteur adjoint de KazNU, Nurken Abdigali, a précisé que ces formations déboucheront sur des diplômes kazakhstanais, avec d’éventuelles passerelles vers des programmes conjoints avec l’université hôte. À terme, l’ambition est de proposer aussi des masters et de développer une recherche collaborative.

Une université sur mesure pour l’intégration eurasienne

L’ancrage local est tout sauf improvisé. L’Université d’État de Dostoïevski d’Omsk, partenaire de l’opération, a été sélectionnée pour son profil compatible : 5.740 étudiants, neuf facultés, et une ouverture déjà affirmée à l’international. C’est là que s’implante physiquement la filiale de KazNU, qui bénéficiera d’un corps professoral mixte — professeurs kazakhstanais, russes et invités étrangers — et d’une dotation initiale de 200 bourses.

« De la connexion Internet à la composition du corps enseignant, tout avance comme prévu », a assuré Ivan Krott, directeur par intérim de l’université d’Omsk, dans un entretien accordé à BK55 le 28 juillet 2025. Ce dernier souligne que la structure administrative du campus repose sur une gouvernance partagée entre les deux universités et les autorités ministérielles de chaque pays.

Le tout s’inscrit dans une logique diplomatique assumée : rééquilibrer la présence des établissements dans l’espace eurasiatique. Aujourd’hui, près de dix universités russes ont des antennes au Kazakhstan, contre aucune dans l’autre sens… jusqu’à maintenant.

KazNU, un outil d’influence académique pour le Kazakhstan

Ce projet est tout sauf anecdotique pour le pouvoir kazakhsthanis. Le KazNU, fondé en 1934, est aujourd’hui l’un des fleurons de l’enseignement supérieur d’Asie centrale. Fort de ses 16 facultés, 68 départements et plus de 140 laboratoires, il s’affiche comme une vitrine scientifique pour son pays. Des centres d’expertise comme le RoboMech ou l’Institut des plantes médicinales témoignent de cette ambition technologique.

Avec cette filiale, c’est une partie de cette ambition qui s’exporte. « Nous voulons créer un écosystème académique intégré entre la Russie et le Kazakhstan », avait déclaré Zhanseit Tuimebaev, recteur de KazNU, lors de la signature de l’accord, selon le site officiel de l’université.

Par Païsiy Ukhanov
Le 07/30/2025

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