La cité de Samarcande enfin reconnue vieille de 3.000 ans
Samarcande

Elle était déjà l’une des plus anciennes cités d’Asie centrale. Mais voilà que Samarcande gagne cinq siècles d’existence supplémentaires. Un bouleversement discret mais radical, qui redessine la carte du temps.

Samarcande, une vieille dame qui rajeunit en vieillissant

Il aura fallu des décennies d’hypothèses, de fouilles, de débats scientifiques, et quelques artefacts de plus, pour que la vérité éclate. Le 25 juillet 2025, les députés de la région de Samarcande ont tranché : la ville est désormais officiellement reconnue comme ayant 3.000 ans d’histoire. Rien que ça.

Un basculement discret, mais aux implications profondes. Jusqu’à présent, la ville était considérée comme âgée de 2.750 ans, une estimation établie au début des années 2000 à la suite d’une expédition conjointe entre chercheurs ouzbeks et archéologues français. Et avant ? On l’avait vieillie à 2.500 ans dans les années 1970, puis à 2.000 ans, et même à seulement 1.500 ans au siècle dernier.

C’est au cœur des sites archéologiques de Kuktepa et d’Afrasiab, à quelques kilomètres de la ville actuelle, que s’est jouée cette nouvelle datation. Les fouilles menées en 2024, associant archéologues locaux et spécialistes français, ont permis de mettre au jour des structures urbaines complètes – rues, murs de briques crues, céramiques, artefacts de la vie quotidienne – remontant à la fin du IIe millénaire avant notre ère.

Un tournant scientifique qu’a salué Muminhon Saidov, directeur de l’Institut d’archéologie de Samarcande, dans une déclaration devant les députés de la région : « On a d’abord conclu que la ville s’était formée il y a 1.500 ans, puis il y a 2.000 ans, et en 1970, il y a 2.500 ans. Dans les années 2000, une expédition conjointe ouzbèke et française a confirmé que Samarcande avait 2.750 ans. Les recherches sur la chronologie de la ville se poursuivent depuis plusieurs années ».

Une réévaluation de l’histoire, mais pas sans preuves

Ce changement de paradigme ne repose pas sur de simples suppositions. Il est le fruit d’une enquête scientifique de longue haleine. Depuis début 2025, un Conseil public d’experts, mis en place sous l’impulsion du hokim (gouverneur) régional, supervise la coordination des fouilles, leur analyse stratigraphique et la transmission des résultats aux autorités scientifiques du pays.

Les objets exhumés – poteries, fragments d’ossements, structures de bâtiments – seront transmis dans les prochaines semaines aux ministères compétents de la République d’Ouzbékistan. L’objectif ? Valider définitivement cette nouvelle chronologie dans les cercles académiques internationaux.

D’après les chercheurs, la ville aurait commencé à se structurer en tant qu’agglomération vers 1000 avant J.-C., peut-être plus tôt encore. Un fait qui replace Samarcande dans la lignée des grandes civilisations de l’âge du bronze tardif.

Trois millénaires d’histoire, et maintenant ?

Ce n’est pas seulement une question de chiffres. Reconnaître 3.000 ans d’ancienneté, c’est redonner à Samarcande le rang qui lui revient sur la carte du patrimoine mondial. C’est aussi attirer l’attention des institutions culturelles internationales et, potentiellement, renforcer son poids touristique et symbolique dans la région.

La municipalité prévoit d’ailleurs une mise à jour du programme de célébrations historiques, ainsi que la création d’un musée de la fondation urbaine, au plus près du site de Kuktepa. Un site qui pourrait prochainement faire l’objet d’une candidature élargie au patrimoine mondial de l’UNESCO, avec le soutien des autorités ouzbèkes.

Dans l’immédiat, une chose est certaine : l’histoire de Samarcande ne cesse de s’épaissir. Et derrière les dômes turquoise et les coupoles vernissées, c’est désormais un passé trois fois millénaire qui surgit des profondeurs.

Par Païsiy Ukhanov
Le 07/29/2025

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