Le 21 juillet 2025, une délégation de Silvercorp Metals Inc., menée par son fondateur Rui Feng, s’est posée à Astana. Leur objectif : sonder le terrain — au propre comme au figuré. Accueillie par Azamat Kozhanov, le vice-président de Kazakh Invest, l’entreprise a discuté des possibilités de coopération pour la prospection de métaux précieux. L’ouverture d’un bureau local est déjà envisagée. Un pas de plus vers une implantation stratégique dans une région encore sous-explorée.
Un gisement d’intérêts étrangers pour l’argent… et l’or
L’argent, ce métal ductile et convoité, semble désormais être un carburant géologique. Et Silvercorp, déjà active en Chine et en Amérique latine, a flairé la veine. Dans une déclaration relayée par Kazakh Invest, les autorités expliquent que « la société canadienne a exprimé son intérêt pour l’exploration géologique et le développement de gisements prometteurs de métaux non ferreux et précieux sur le territoire du Kazakhstan ».
Mais Silvercorp n’est pas seule sur le filon. À peine quelques mois plus tôt, en mai 2025, la société australienne C29 Metals annonçait un partenariat avec Bask International Group Ltd, une société basée à Astana, pour explorer conjointement des gisements de cuivre et d’or. Dans ce deal, les Australiens conservent 75% du capital, les Kazakhstanais, 25%. Et c’est C29 qui finance intégralement le démarrage du projet. L’accord formel devait être signé dans les quatre semaines, selon la communication de l’entreprise.
Derrière cette opération, un nom connu au Kazakhstan : Yerlan Issekeshev, investisseur et ancien cadre de « Samruk-Energo » et « Transtelecom », fondateur de Bask. Il résume l’enjeu : « Le potentiel minier du Kazakhstan reste immense et largement inexploité. […] Il s’agit d’assurer que ces ressources servent notre peuple et soutiennent un développement durable du pays ». Les mots sont lourds de promesses, mais aussi de tensions potentielles.
L’ombre britannique sur l’or kazakh
Plus récemment encore, une société britannique a décidé de jouer sa carte. Eurasia Mining PLC, spécialisée dans l’extraction d’or et de métaux du groupe platine, a officialisé son entrée sur le marché kazakh. Son véhicule d’entrée ? La cotation de ses actions sur l’Astana International Exchange (AIX), le 16 juillet 2025. Une opération symbolique, et sans doute stratégique. La capitalisation boursière de l’entreprise est évaluée à 140 millions de livres sterling, soit près de 160 millions d’euros.
« Cet événement emblématique ouvre de nouvelles perspectives à l’entreprise, notamment un accès élargi à une base d’investisseurs régionaux », a déclaré Asel Mukazhanova, directrice de l’AIX. Ce signal fort laisse présager des ambitions bien au-delà de la simple cotation. Et si la société s’intéressait de plus près aux terres rares ? Aux métaux critiques ? Rien n’est exclu.
Quand l’argent ne brille pas tout seul
L’ironie est frappante : dans cette nouvelle ruée vers les ressources, l’argent – métal noble – passe presque pour un second rôle face à l’or et aux terres critiques. Pourtant, son potentiel est immense dans une économie mondiale assoiffée de conductivité, d’énergies renouvelables et d’équipements électroniques.
Le Kazakhstan, de son côté, ouvre les vannes. D’après les autorités, plus de 50 licences d’exploration seront mises en jeu au second semestre 2025, visant explicitement les métaux stratégiques. Une aubaine pour Silvercorp, C29 et Eurasia. Une opportunité que le pays ne veut pas laisser filer, à condition de contrôler ses leviers : gouvernance des ressources, fiscalité, respect environnemental.
Au moment où la transition énergétique redéfinit la géopolitique des matières premières, le Kazakhstan se retrouve dans une position singulière : riche en minerais, convoité et bienveillant sur le plan institutionnel. Si Silvercorp y trace une piste pour l’argent, les Australiens et les Britanniques, eux, y voient un eldorado aurifère.
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