Sur fond d’une croissance stupéfiante, le Kazakhstan bouleverse son paysage industriel : il vient de voir sa production automobile grimper d’un bond spectaculaire que peu auraient anticipé.
La production automobile a progressé de manière exponentielle au Kazakhstan. Cette accélération marque un tournant dans l’histoire industrielle du pays. En juin 2025, la production de véhicules motorisés a atteint 13.700 unités, soit une hausse vertigineuse de 107,5% par rapport aux 6.600 véhicules fabriqués en juin 2024 . Cette envolée équivaut à une valeur de 189,2 milliards de tenges (≈ 380 millions d’euros), contre 94 milliards de tenges un an plus tôt. Sur l’ensemble du semestre, le pays a assemblé 71.500 véhicules, pour un montant global de 996,9 milliards de tenges (≈ 2,02 milliards d’euros), représentant 40,9% du secteur de la construction mécanique.
Ce bond de 107% met en lumière un élan industriel rare : le Kazakhstan double pratiquement sa production d’une année sur l’autre. Un signal fort pour les investisseurs et les constructeurs.
La répartition géographique des usines illustre l’envergure du mouvement :
Kostanaï (Allur) : 39 000 véhicules (+ 0,9 %)
Almaty (Hyundai Trans Kazakhstan) : 27 100 unités (+ 40,2 %)
Semey (SemAZ/Daewoo) : 2 000 véhicules (− 21,9 %)
Karaganda (QazTehna) : 800 unités (+ 28,9 %)
Kokshetau (KAMAZ‑Engineering) : 700 véhicules (+ 51,6 %).
Ces dynamiques reflètent l’essor de parcs industriels nouveaux, notamment ceux d’Astana Motors (usine AMMKZ à Almaty), appelée à produire jusqu’à 90.000 véhicules dès 2025, ainsi que l’usine Kia de Kostanaï, dotée d’une capacité annuelle de 70.000 unités avec un investissement de 160 millions d’euros.
Diversification des modèles et marques, levier clé de la croissance automobile
Les modèles les plus produits au Kazakhstan en janvier‑juin 2025 sont :
Chevrolet Cobalt (11 900 unités)
Hyundai Tucson (10 300)
Kia Sportage (6 000)
Hyundai Elantra (4 200)
Hyundai Mufasa (3 600).
Les marques dominantes restent Hyundai (26.800 unités), Chevrolet (14.700), Kia (12.500), Jetour (5.800) et JAC (4.800). Cette variété illustre le virage vers une gamme large, combinant marques occidentales et chinoises, visant à capter le marché domestique.
Stratégies nationales et localisation de la production automobile
Le plan Nurly Zhol (2014‑2025) a joué un rôle d’accélérateur en injectant près de 17 milliards de dollars dans l’infrastructure routière, ferroviaire et logistique. L’ouverture d’usines de pièces détachées (sièges, essieux, plastiques, systèmes multimédias) à Almaty et Kostanaï témoigne de la volonté d’ancrer la chaîne de valeur locale. S’y ajoute un cadre législatif encourageant l’assemblage complet des kits (CKD) et la production locale, réduisant la dépendance aux importations
Demande intérieure en plein essor et débouchés à l’export
Ce bond de la production est bein évidemment dû à un bond de la demande imtérieure, estimée entre 147.000 et 150.000 véhicules par an. En mai 2025, les ventes de véhicules légers ont bondi de 51,4% sur un an, totalisant 19.377 unités. Mais les constructeurs visent encore plus l’exportation vers les pays de l’Union économique eurasiatique, à l’abri de tarifs, voire de la Russie, qui n’a normalement pas le droit d’importer de véhicules, sanctions obligent.