À l’heure où le Kazakhstan scrute chaque hectare de ses vastes exploitations, une nouvelle condition vient d’être actée : chaque propriétaire doit assurer des emplois durables toute l’année, sinon la terre peut lui être retirée.
Les terres mal exploitées devront revenir dans le giron de l’État
Les propriétaires de grandes fermes du Kazakhstan viennent d’être avertis : pour conserver leurs terres, ils devront garantir un emploi permanent sur leurs exploitations. Ce revirement impose aux propriétaires fonciers une responsabilité inédite. Cette mesure, engagée dans un paysage agricole en pleine transformation, pose la question de l’avenir des salariés agricoles dans le pays.
Le Premier ministre, Olzhas Bektenov, ne mâche pas ses mots. Le 15 juillet 2025, il a déclaré : « Comme c’est souvent le cas chez nous : au printemps on sème, à l’automne on récolte, puis on oublie l’exploitation qu’on possède. Nombre de propriétaires, ce n’est un secret pour personne, n’ont jamais vécu dans les régions où ils font de l’argent. Ils vivent, dans le meilleur des cas, à Almaty ou à Astana, souvent même à l’étranger, et ne viennent que pour les récoltes et l’argent. Il faut lutter contre de tels propriétaires négligents. Et j’exige du ministère de l’Agriculture et des autres collègues que nous travaillions plus activement à faire revenir dans le giron de l’État les terres mal exploitées, où l’emploi n’est pas assuré toute l’année ».
Olzhas Bektenov cible des propriétaires absents, motivés uniquement par le profit saisonnier, déconnectés de leurs terres. L’État brandit la menace de reprendre jusqu’à 50 millions d’hectares, dont 13 millions déjà récupérés depuis 2023.
Vous l’aurez compris : le gouvernement nourrit l’ambition de relancer des emplois durables, au lieu d’un modèle saisonnier. L’initiative s’inscrit dans une politique centrée sur la redistribution : depuis 2022, 11 millions d’hectares de terres non exploitées ont été nationalisés, plus de la moitié ayant déjà trouvé preneur auprès de petits agriculteurs.
Les critères minimum de l’emploi durable seront prochainement fixés par le ministère de l’Agriculture
Cette réforme pourrait transformer la vie des salariés agricoles. Si les fermes assurent des emplois tout au long de l’année, cela renforcera la stabilité des revenus, freinera le chômage (4,6% fin 2024) et pourrait retenir des familles rurales. Les régions rurales, autrefois désertées hors saison, pourraient redevenir dynamiques.
Les exploitants fonciers devront revoir leurs modèles économiques : diversification des cultures, mécanisation, transformation sur place… Un saut qualitatif exigeant. Le ministère de l’Agriculture est chargé de fixer les critères minimum de l’emploi durable ; mais quid de la capacité d’adaptation des propriétaires éloignés d’une logique de résidence et d’investissement local ?
Ce volet intervient dans la continuité du plan de retour des terres en jachère. L’État récupère et redistribute à des exploitants plus engagés. Un modèle mixte s’esquisse : entreprises agricoles d’un côté, micro‑exploitations familiales de l’autre, potentiellement plus attentives à l’emploi local.
Illustration www.freepik.com.