Donald Trump frappe le Kazakhstan : 25% de droits de douane, mais un impact limité ?
droits de douane

Un nouvel épisode de la guerre commerciale s’ouvre : aux accoutumées passes d’armes tarifaires s’ajoute cette fois la cible inattendue des échanges américains — le Kazakhstan. Quelles en seront les retombées économiques, et surtout, l’équilibre des échanges bilatéraux sera-t-il durablement fragilisé ?

Une guerre tarifaire froide aux relents protectionnistes

Le 7 juillet 2025, Donald Trump a annoncé l’instauration d’un droit de douane de 25% sur les importations depuis le Kazakhstan, mesure destinée à corriger un déséquilibre jugé structurel dans les échanges entre les deux pays. Cette décision relance le débat brûlant sur les droits de douane et leurs effets sur l’économie kazakhstanaise, alors que la Maison‑Blanche brandit des arguments protectionnistes.

Dans sa lettre au président du Kazakhstan, Kassym‑Jomart Tokayev, Donald Trump justifie la mesure par la nécessité de « corriger des distorsions provoquées par les politiques tarifaires et non tarifaires du Kazakhstan ». L’administration américaine vise à réduire ce qu’elle perçoit comme un déficit persistant et une menace pour sa « sécurité nationale ». En parallèle, cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus vaste de rééquilibrage, avec l’instauration de droits atteignant 40% sur d’autres partenaires commerciaux.

Pour le Kazakhstan, des exportations largement préservées

Le ministère kazakhstanais du Commerce rappelle néanmoins que 95% des exportations vers les États‑Unis échapperont à la surtaxe. Pétrole, uranium, argent, ferroalliages, tantale, titane… – soit plus de 1,9 milliard de dollars exportés en 2024. Le Kazakhstan, anticipant la pression, a transmis à Washington des propositions concrètes visant à préserver « un cadre commercial stable » . Astana prépare des négociations bilatérales dans l’espoir de limiter les conséquences économiques.

Officiellement, le Kazakhstan « prépare une réponse », sans pour autant évoquer des mesures de rétorsion. Le gouvernement adopte une posture prudente : il ne s’agit pas de riposter immédiatement mais de négocier un terrain d’entente stable. Cette attitude reflète une conscience du poids géopolitique des exportations kazakhes — notamment énergétiques — et de leur dépendance relative aux marchés occidentaux.

Droits de douane : bluff tarifaire ou menace concrète ?

Les nouveaux droits de douane s’appliqueront à partir du 1er août 2025, conformément aux lettres envoyées à plusieurs pays, dont le Kazakhstan. Ils s’inscrivent dans une série de mesures décidées depuis avril 2025, dans le cadre des « Liberation Day tariffs ».

En 2024, le volume des exportations kazakhstanaises vers les États‑Unis s’élevait à 1,97 milliard de dollars, tandis que les importations américaines vers le Kazakhstan atteignaient 2,24 milliards. Sachant que les secteurs concernés par les surtaxes ne représentent qu’environ 95 millions de dollars, l’impact direct sur le PIB semble limité, tant que les matières premières stratégiques restent épargnées.

Les producteurs non exemptés (phosphates, produits agrochimiques, etc.) pourraient subir des pertes de part de marché. Mais le Kazakhstan pourrait plutôt compenser via une diversification vers d’autres partenaires ou filières à valeur ajoutée.

Au‑delà du jargon : quelle signification politique ?

Donald Trump renforce une posture protectionniste musclée et cherche à faire pression sur le Kazakhstan tout en laissant ouverte la perspective de concessions tarifaires, notamment si des investissements sont transférés vers les États‑Unis. C’est aussi un rappel aux partenaires internationaux : la porte resterait ouverte à celui qui accepte le jeu — ou ferme à celui qui oppose une stratégie trop offensive.

Les droits de douane à 25% sur les produits importés du Kazakhstan apparaissent ainsi comme une manœuvre ciblée, conçue pour ajuster les balances commerciales sans porter atteinte à l’essentiel des exportations élémentaires du pays. Une posture musclée sur le papier, un impact réel marginal : le bras de fer tarifaire amorce plutôt une phase de discussion que de confrontation frontale, avec en toile de fond une diplomatie tarifaire savamment agencée.

Illustration www.freepik.com.

Par Païsiy Ukhanov
Le 07/09/2025

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