Un financier ouzbek kidnappé en plein Paris
Kakhramonjon Olimov

Le 23 juin 2025, un homme d’affaires ouzbek de renom a été kidnappé à Paris, en plein 8ᵉ arrondissement, avant d’être relâché contre rançon, raconte Le Monde. Kakhramonjon Olimov, âgé de 48 ans, est une figure incontournable du secteur bancaire ouzbek : actionnaire quasi unique (99,38%) d’Anorbank, un établissement domicilié en Ouzbékistan et gérant plus d’un milliard de dollars d’actifs au 1ᵉʳ janvier 2025.

Un financier ouzbek kidnappé en plein Paris contre rançon

Le 23 juin, au Sofitel Arc‑de‑Triomphe, un individu se présentant comme une esthéticienne turque nommée Anastasia a abordé Kakhramonjon Olimov au bar. Quelques minutes plus tard, trois hommes à l’accent tchétchène l’ont maîtrisé et contraint de monter dans un van Mercedes. Il a subi un premier interrogatoire dans une villa parisienne avant d’être transféré en camion à Nice. Dans un sous‑sol, il a été torturé : frappes, menaces de meurtre ou d’agression sexuelle, faux égorgement simulé. On l’a forcé à signer un document de reconnaissance de dette pour 5 millions de dollars et on l’a contraint à transférer 200.000 dollars via son chauffeur à Tachkent.

Les ravisseurs réclamaient 10 millions de dollars – soit environ 9,3 millions d’euros –, sous prétexte d’une dette alléguée liée à des parts de banque usurpées. Kakhramonjon Olimov a finalement versé une somme inférieure, estimée à 200.000 dollars, avant d’être libéré. L’enquête judiciaire a été ouverte pour « séquestration en bande organisée », et un suspect turc a été écroué à Nice le 1ᵉʳ juillet 2025.

L’enquête devrait faire la lumière sur les intentions véritables des ravisseurs

Anorbank a publié un communiqué affirmant que l’affaire relevait du strict personnel de la victime, et ne touchait pas aux activités de la banque. L’institution assure sa stabilité : tous les services fonctionnent normalement, projets et plateformes numériques compris.

Pour l’Ouzbékistan, cet incident met en lumière la montée en puissance mondiale de ses élites financières, mais aussi les risques associés à l’essor transnational de ses opérateurs économiques.

Le kidnapping de Kakhramonjon Olimov en France, sur fond de projets énergétiques européens, pose la question : s’agit‑il simplement d’un règlement de comptes entre opérateurs privés ou d’un coup monté visant à freiner ses investissements hors du territoire ? L’enquête devra le clarifier. Une certitude : pour l’Ouzbékistan, ce dossier pourrait révéler des tensions invisibles entre acteurs nationaux et multinationales.

En vérité, cette affaire est moins un mystère industriel qu’un exemple concret des dangers encourus par des élites ouzbèkes à l’étranger : entre affrontements privés et intérêts géopolitiques, un homme a payé cher pour reprendre sa liberté. Mais à Tachkent, les réelles répercussions se trouvent dans la manière dont ce drame révélera l’état de sécurité, la réputation et l’influence de l’Ouzbékistan sur la scène économique mondiale.

Par Païsiy Ukhanov
Le 07/03/2025

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