Le 24 juin 2025, le Kazakhstan a officiellement lancé une phase pilote permettant de demander la carte nationale d’identité en ligne via eGov.kz ou l’application mobile « eGov Mobile ». Cette initiative marque une nouvelle ère pour le service citoyen, en transformant un acte administratif traditionnel en une opération rapide et dématérialisée.
Une carte nationale d’identité sans se déplacer : la promesse numérique du Kazakhstan
À Almaty, on ne fait plus la queue devant les centres de services publics. Du moins, pas ceux qui ont compris la manœuvre. Il suffit aujourd’hui d’un identifiant individuel (IIN), d’une reconnaissance faciale et de quelques clics pour lancer une procédure que les Kazakhstanais redoutaient autrefois comme la peste : le renouvellement de la carte nationale d’identité.
L’usager se connecte via le portail officiel eGov.kz ou son application mobile, passe une identification biométrique, signe numériquement et s’acquitte d’un paiement en ligne. Le tout, selon les autorités, « en moins de dix minutes ». Et pour les sceptiques, une vidéo tutorielle publiée sur Instagram vient détailler chaque étape de la démarche.
Mais cette transformation n’est pas qu’un gadget de communication. Derrière, se joue un enjeu stratégique : « Nous voulons réduire de 50% la charge dans les centres de services public d’ici la fin de l’année », affirmait Jaslan Madiev, ministre du Développement numérique, en avril 2025.
De la demande à la délivrance : combien, comment, pour qui ?
Le service n’est pas un buffet à volonté. Il ne s’adresse qu’aux citoyens dont la carte d’identité est proche de l’expiration — entre 30 jours avant et 10 jours après. Il est aussi strictement personnel : impossible d’effectuer la demande pour un proche, même avec procuration.
Trois formules sont proposées. La version standard, sous 15 jours ouvrés, coûte 786,4 tenges, soit environ 1,60 euro. Pour les plus pressés, une option à trois jours (1.771 tenges) et une express en un jour (3.372 tenges) sont disponibles. Quelle que soit la formule choisie, la carte doit être récupérée physiquement dans un centre centre de services publics sélectionné lors de la demande.
Biométrie, Digital ID et sécurité : quand la carte nationale d’identité devient un objet critique
Pour garantir l’intégrité du système, les autorités ont misé sur le Digital ID, une infrastructure technologique qui combine plusieurs niveaux d’authentification : IIN, mot de passe à usage unique (OTP) envoyé par SMS, et reconnaissance faciale. Les données biométriques sont chiffrées et hébergées dans un environnement certifié, sous la supervision de l’opérateur technologique national.
Mais la reconnaissance biométrique n’est pas infaillible. Cicatrices, chirurgie, vieillissement ou simple non-conformité faciale peuvent faire échouer le processus. Dans ce cas, retour à la case départ : direction le centre des services publics, sans passer par la case dématérialisation. Ces situations sont prévues et, selon les autorités, « ne constituent pas des refus », mais des redirections obligatoires.
Ce volet sécuritaire n’est pas anodin : en mai 2025, le Kazakhstan a été secoué par une fuite massive de données personnelles impliquant jusqu’à 16 millions de citoyens. Une affaire toujours en cours d’instruction. Cette initiative de numérisation arrive donc dans un contexte de méfiance numérique accru.
Un cadre légal encadré jusqu’en mars 2026
Le projet de renouvellement en ligne est pour l’instant un projet pilote, encadré par un arrêté conjoint du ministère de l’Intérieur et du ministère du Développement numérique. Le texte, signé le 26 mai 2025, prévoit une période d’expérimentation jusqu’au 31 mars 2026. D’ici là, l’État testera l’efficacité, la robustesse et l’acceptabilité de la réforme. Ce programme s’inscrit dans un plan national plus large de digitalisation, avec pour objectif de désengorger les services physiques tout en modernisant la relation entre l’administration et le citoyen.
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