Le 24 juin 2025, à Astana, le président Kassym-Jomart Tokaïev n’a pas simplement parlé d’investissements. Il a lancé un signal. Un appel clair aux acteurs économiques du monde entier.
Réformes économiques du Kazakhstan : cap sur l’attractivité et la stabilité
Alors que l’économie mondiale encaisse ralentissement du produit intérieur brut (PIB), flambée des prix et désorganisation logistique, le Kazakhstan affiche, tout au contraire, une stabilité. Kassym-Jomart Tokaïev l’a martelé lors de la 37e session plénière du Conseil des investisseurs étrangers : « De telles tendances peuvent encore aggraver les perspectives de l’économie mondiale, soulignant la nécessité d’un dialogue international constructif ». Malgré ce climat tendu, la croissance kazakhe s’élève à 6 % sur la période de janvier à mai, portée par les secteurs du transport, de la construction, du commerce et de l’industrie.
Tokaïev veut bâtir une économie solide, ouverte et prévisible. Le siège des investissements, organe central chargé de faciliter les projets étrangers, a déjà accompagné 137 projets pour une valeur de 70 milliards de dollars. Cent quarante amendements législatifs ont été initiés, et un « filtre de poursuite » interdit désormais toute procédure administrative contre un investisseur sans validation du procureur général. Cette mesure vise à « protéger les droits des investisseurs », selon les mots du président.
La plateforme numérique nationale pour l’investissement vient renforcer cette dynamique. Elle simplifie les démarches, centralise les permis et offre un accès direct aux services d’accompagnement. L’objectif est clair : éliminer les obstacles bureaucratiques et garantir un environnement transparent.
Numérique, intelligence artificielle et CryptoCity : le futur est en route
Le Kazakhstan mise sur des secteurs structurants. Dans les minerais, des géants comme Rio Tinto ou Fortescue ont été attirés par une réglementation minière jugée stable et lisible. Tokaïev annonce un nouveau système de redevances dans le prochain code fiscal pour inciter à la transformation locale des ressources.
Dans le transport, les ambitions sont massives : 11 000 kilomètres de voies ferrées seront modernisés et 5 000 kilomètres construits d’ici à 2029. En parallèle, 13 000 kilomètres de routes seront rénovés ou tracés en 2025. Côté ferroviaire, des entreprises telles que Wabtec, Stadler et Alstom ont déjà investi. « Alstom construira des centres de service et lancera des locomotives de nouvelle génération d’ici 2028 », a précisé le président.
L’agriculture n’est pas en reste. Avec l’une des plus grandes superficies de terres cultivables au monde, le Kazakhstan attire PepsiCo ou encore les groupes chinois Fufeng et Dalian Hesheng. L’enjeu : renforcer la sécurité alimentaire globale.
Le Kazakhstan ne se contente pas d’être un réservoir de matières premières. Il entend devenir un acteur numérique de premier plan. Le pays figure dans le top 30 mondial en matière de développement numérique, selon les Nations Unies. Plus de 4 000 entreprises fintech sont aujourd’hui enregistrées au Centre financier international d’Astana (AIFC), leader régional en finance verte et numérique.
Tokaïev a annoncé la création d’une zone expérimentale, baptisée CryptoCity, où les cryptoactifs pourront être utilisés comme moyen de paiement. Il y voit un levier de souveraineté économique : « L‘IA est un moteur clé de la croissance future, de la compétitivité et de la souveraineté numérique pour notre État », a-t-il affirmé.