Lors d’une session gouvernementale présidée par Olzhas Bektenov, le Premier ministre du Kazakhstan, les autorités ont dévoilé un chiffre symbolique : le volume de l’e-commerce dans le pays a atteint 3,2 trillions de tenges, soit environ 6,4 milliards d’euros, marquant une croissance multipliée par sept par rapport à 2020. Ce montant représente désormais 14,5% de l’ensemble du commerce de détail national, selon les données rendues publiques par le ministère de l’Économie et du Commerce. L’e-commerce s’est donc imposé comme un levier de transformation économique majeur pour le Kazakhstan.
Kazakhstan : les piliers d’un commerce numérique en expansion
Si cette envolée impressionne, elle repose sur une architecture bien définie. Le ministre de l’Économie Serik Jumanharin, répondant à une question du député Markhabat Zhaïymbetov, a précisé que 104 entreprises opèrent aujourd’hui sur ce marché en ligne. Parmi elles, les géants Wildberries, Ozon, Kazspi.kz ou encore Halyk Market, qui assurent l’essentiel de la distribution numérique dans le pays.
Wildberries, par exemple, exploite déjà 8 centres logistiques totalisant 44.000 m² et prévoit d’en ajouter 271.000 m² en 2025, dont 168.000 m² à Astana et 103.000 m² à Almaty. De son côté, Ozon possède deux centres de tri totalisant 42.000 m² et construit actuellement un entrepôt de 20.000 m² à Almaty. Quant à Kazpost, le groupe public déploie 85.000 m² d’entrepôts supplémentaires à travers quatre régions, afin de répondre à la montée en puissance du commerce en ligne.
Logistique, emploi, régulation : les nouveaux enjeux du secteur
Ce virage numérique ne se limite pas aux volumes de transactions. Lors de la même session gouvernementale, Olzhas Bektenov a souligné : « Une part importante de notre marché est occupée par des places de marché étrangères en ligne. Nous pouvons les utiliser efficacement pour augmenter les exportations de produits nationaux. […] Le niveau de qualité des produits sur les places de marché soulève également des questions ».
Face aux défis de la protection des consommateurs et de la conformité des produits, le Premier ministre a mandaté plusieurs ministères pour renforcer les mécanismes de contrôle, en particulier concernant les données personnelles, la propriété intellectuelle et la traçabilité des biens vendus en ligne.
Dans le même temps, le gouvernement a reconnu que la progression du secteur ne générait pas encore de changements profonds sur le plan de l’emploi traditionnel. Si 300.000 postes sont associés à l’écosystème digital, selon les autorités, les créations d’emplois nets restent contenues, car de nombreux processus sont automatisés.
Réglementation et souveraineté numérique : cap sur 2027
Un Plan de développement de l’e-commerce jusqu’en 2027 est déjà en vigueur, mais l’exécutif souhaite désormais l’ajuster. Parmi les mesures envisagées : une digitalisation accrue des commerces physiques, des incitations pour les PME, ainsi qu’un encadrement juridique renforcé. L’objectif : sécuriser le marché intérieur tout en stimulant les exportations via les plateformes numériques.
Le gouvernement prévoit également de renforcer la capacité logistique nationale en misant sur Kazpost, afin de garantir la souveraineté du pays dans la distribution et le stockage des marchandises.