Déchets ménagers : le Kazakhstan construira 43 nouvelles décharges
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Le ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles du Kazakhstan, Erlan Nysanbaev, vient d’annoncer un plan ambitieux : construire 43 nouvelles décharges dans 11 régions du pays. Montant total ? 53 milliards de tenges, soit environ 104,3 millions d’euros. Une décision qui s’inscrit dans un contexte alarmant : sur les 2.973 décharges recensées en 2024, seules 608 étaient conformes aux normes environnementales en vigueur, soit 20,4%.

Décharges saturées, villes en tension : un système à bout de souffle

À Astana, la décharge atteint 98% de sa capacité. À Chymkent, Atyraou, Turkestan et dans les centres régionaux du nord, la situation est similaire. Certaines communes, comme Jézkazgan, ont tout simplement dépassé leur capacité de stockage. Le constat est implacable : le pays croule sous ses déchets. Les infrastructures vieillissantes, souvent non conformes, exposent les populations à des risques sanitaires majeurs. La majorité des décharges dans le Nord-Kazakhstan fonctionnent d’ailleurs sans permis.

Le plan gouvernemental lancé en 2023 prévoyait initialement la construction de 100 décharges. Mais faute de financement et de coordination, seuls 7 sites ont été livrés à ce jour. Pour 23 autres, la documentation est finalisée, et 18 sont en cours d’étude. Quant aux 52 restants, les projets sont à l’arrêt complet.

L’« utylsbor », ou comment la fiscalité écologique finance l’enfouissement

Face au manque de moyens, l’exécutif kazakhstanais s’est tourné vers une ressource inattendue : l’« utylsbor », une taxe environnementale perçue sur la vente de véhicules. Cette contribution, qui a généré plusieurs centaines de milliards de tenges ces dernières années, est désormais redirigée vers le financement des décharges. « Le financement de 43 décharges à hauteur de 53 milliards de tenges sera assuré par les fonds de l’utylsbor », a déclaré Erlan Nysanbaev.

Ce choix suscite toutefois le débat. D’abord parce que cette taxe était initialement conçue pour encourager le recyclage et non l’enfouissement. Ensuite, parce que son affectation reste opaque. Des médias comme Tengrinews.kz ou Orda.kz ont déjà souligné un usage flou des fonds environnementaux dans plusieurs projets antérieurs.

Un tournant national : recyclage, REP et surveillance satellitaire

Au-delà des seules décharges, le Kazakhstan amorce une refonte globale de sa politique des déchets. Le Code environnemental de 2021 a introduit plusieurs principes clés : hiérarchisation stricte (réduction, réutilisation, recyclage avant enfouissement), responsabilité élargie des producteurs (REP), tarification incitative locale.

D’ici septembre 2025, un cadre stratégique unifié doit être adopté. Il inclura des outils de surveillance satellitaire des sites, une cartographie nationale en open data, et des indicateurs de performance par région. L’objectif affiché : passer d’un modèle réactif à une gouvernance préventive et transparente.

Décharges ou recyclage : quelle stratégie pour demain ?

La construction de 43 nouvelles décharges au Kazakhstan traduit une réponse d’urgence, dictée par la saturation des infrastructures existantes. Mais cette solution reste fondamentalement transitoire. À long terme, le pays devra rééquilibrer sa politique entre enfouissement contrôlé et développement de filières de valorisation.

Avec près de 4 millions de tonnes de déchets produits chaque année, le Kazakhstan est confronté à une pression croissante. Si la création de décharges neuves peut désamorcer une crise sanitaire, elle ne répond qu’en partie au problème systémique. Recyclage, tri à la source, innovation industrielle : autant de leviers encore largement sous-exploités.

Illustration www.freepik.com.

Par Païsiy Ukhanov
Le 06/25/2025

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