Le Kazakhstan lance sa zone industrielle pour capter 2,4 milliards d’investissements
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Le Kazakhstan ambitionne de développer une nouvelle zone industrielle à proximité d’Astana. Ce projet s’inscrit dans une stratégie nationale visant à stimuler l’activité économique et à accroître l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.

Le 20 juin 2025, le gouvernement du Kazakhstan a annoncé le lancement d’une zone industrielle nationale près d’Astana, dans la région d’Akmola. L’objectif affiché est d’attirer jusqu’à 2,4 milliards de dollars d’investissements (environ 2,2 milliards d’euros), à travers plusieurs projets industriels d’envergure. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification de l’économie nationale.

Pourquoi viser 2,4 milliards d’investissement ?

Le Kazakhstan cherche à renforcer ses secteurs non extractifs, dans une optique de diversification économique. En 2024, la croissance du PIB a atteint 4,8 %, portée principalement par la consommation intérieure et l’investissement. Pour atténuer sa dépendance aux hydrocarbures, qui représentent près de 66 % de ses exportations, le pays mise sur le développement industriel et agricole. Le projet de zone industrielle vise ainsi à créer des chaînes de valeur intégrées, à améliorer la transformation locale des ressources et à favoriser les exportations à plus forte valeur ajoutée.

Contexte : la nouvelle zone industrielle AQMOLA

La zone industrielle baptisée AQMOLA s’étend sur une surface d’environ 1 000 hectares, non loin d’Astana. D’après les autorités kazakhstanaises, cette zone dispose de toutes les infrastructures nécessaires à l’accueil de projets industriels majeurs. Sept projets sont déjà lancés, représentant un investissement cumulé de 1,1 trillion de tenge, soit environ 2,4 milliards de dollars.

Les investisseurs impliqués proviennent de plusieurs pays, dont la Chine, la Turquie, Singapour et le Kazakhstan. Parmi eux, la société chinoise Dalian Hesheng Holdings prévoit d’investir 900 milliards de tenge (près de 1,9 milliard de dollars) dans un complexe de transformation du blé. Ce site doit produire du glutamate, du gluten et d’autres produits alimentaires intermédiaires. Le projet, qui s’étendra jusqu’en 2028, inclura des technologies de biofermentation et vise la création d’un millier d’emplois.

Parmi les autres initiatives, on note la construction d’un centre agrochimique (YDA Group, Turquie), d’un pôle logistique (Atasu Group) et d’un site de production d’équipements agricoles (Remsintez RK). L’ensemble est destiné à générer plus de 4 500 emplois directs et à dynamiser d’autres secteurs tels que l’agriculture, la logistique ou encore la transformation agroalimentaire.

Une stratégie économique nationale affirmée

Cette zone industrielle s’inscrit dans les priorités du gouvernement, notamment dans le cadre du programme « Nurly Zhol », qui vise à moderniser les infrastructures et à stimuler les investissements industriels à travers le pays. À l’échelle nationale, près de 180 projets industriels sont en cours de réalisation en 2025.

Par ailleurs, la coopération avec la Chine s’intensifie. En marge du forum Chine–Asie centrale, le Kazakhstan a signé 58 accords représentant un montant total de 25 milliards de dollars. Le projet de transformation du blé dans la zone AQMOLA figure parmi les initiatives retenues dans ce cadre.

Le gouvernement kazakh a mis en place divers mécanismes incitatifs pour attirer les capitaux étrangers, notamment à travers les zones économiques spéciales (ZES), qui offrent des exonérations fiscales sur de longues périodes, ainsi que des financements à taux bonifiés pour les entreprises industrielles.

Selon les estimations officielles, le Kazakhstan souhaite attirer 150 milliards de dollars d’investissements directs étrangers d’ici 2029. La zone industrielle d’AQMOLA pourrait contribuer de manière significative à cet objectif.

Enjeux et perspectives

Au-delà des annonces, plusieurs défis devront être surmontés pour assurer la réussite de cette zone. Des rapports récents soulignent certaines limites liées à la gouvernance des zones économiques spéciales, à la coordination interinstitutionnelle ou encore à l’efficacité administrative.

Pour garantir l’impact de cette initiative, un suivi indépendant et des mécanismes de transparence seront essentiels. La zone industrielle AQMOLA pourrait jouer un rôle central dans la structuration d’un tissu industriel durable, à condition que les projets engagés respectent les calendriers, les normes environnementales et les engagements sociaux prévus.

Par Radislav Omelin
Le 06/24/2025

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