Un sommet s’est tenu à Astana entre les dirigeants de la Chine et des pays d’Asie centrale. Plusieurs accords bilatéraux ont été signés à cette occasion. L’événement s’inscrit dans la continuité d’un dialogue stratégique régional.
Le 17 juin 2025, la ville d’Astana, capitale du Kazakhstan, a accueilli la deuxième édition du sommet Chine-Asie centrale, organisé moins de deux ans après celui de Xi’an en 2023. Ce nouveau rendez-vous diplomatique a rassemblé les plus hautes autorités des six pays concernés : la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan. Les échanges ont porté sur les perspectives de coopération bilatérale et régionale, avec pour objectif affiché un approfondissement de la coordination politique, économique et sécuritaire entre les partenaires.
Coopération bilatérale et engagements multilatéraux à Astana
Le sommet s’est déroulé au Palais de l’Indépendance d’Astana, sous la présidence du chef d’État kazakhstanais Kassym-Jomart Tokaïev. Le président chinois Xi Jinping a pris la parole au nom de la délégation de Pékin, en présence de ses homologues Sadyr Japarov (Kirghizistan), Emomali Rahmon (Tadjikistan), Serdar Berdimuhamedov (Turkménistan) et Shavkat Mirziyoyev (Ouzbékistan). Le discours central prononcé par Xi Jinping s’intitulait « Promouvoir l’esprit Chine-Asie centrale pour une coopération régionale de haute qualité ».
À l’issue des travaux, les six chefs d’État ont signé la Déclaration d’Astana ainsi qu’un traité d’amitié éternelle, de bon voisinage et de coopération, officialisant leur volonté commune de consolider un cadre multilatéral pérenne. Le document vise à inscrire la relation sino-centroasiatique dans une logique de stabilité et de coordination de long terme, notamment dans le domaine diplomatique, institutionnel et commercial.
Objectifs sectoriels et partenariats économiques
Le 16 juin, à la veille du sommet, plusieurs accords économiques majeurs ont été conclus entre la Chine et le Kazakhstan. Ces engagements s’inscrivent dans le cadre du Forum de la coopération industrielle et d’investissement Chine-Asie centrale et totalisent une enveloppe de près de 25 milliards de dollars américains, soit environ 23,5 milliards d’euros. Les secteurs concernés vont de l’énergie à l’agriculture, en passant par les technologies vertes et les infrastructures.
Parmi les projets annoncés figure la construction d’une centrale de gazéification du charbon dans la région de Karagandy, issue d’un partenariat entre l’entreprise publique kazakhe QazaqGaz et le groupe chinois Shandong Energy. L’installation devrait produire deux milliards de mètres cubes de gaz par an et générer 1 500 emplois permanents. Dans le domaine énergétique, un autre projet a été signé entre Samruk Energy et la société China International Water and Electric Corporation pour le développement d’une centrale hydroélectrique de pompage-turbinage dans la région d’Almaty.
Le Kazakhstan a également conclu un accord avec la société chinoise Seraphim portant sur la production d’hydrogène vert. Sur le plan agricole, deux usines de transformation de céréales seront implantées : l’une dans la région de Zhambyl pour le maïs, l’autre dans la région d’Akmola pour le blé. D’un point de vue technologique, le Kazakhstan bénéficiera d’un accès au Green Technology Bank chinois, grâce à un protocole d’accord signé entre le Centre international pour les technologies vertes et les projets d’investissement et le Shanghai Science and Technology Exchange Center.
Cadre stratégique et développement institutionnel
Outre les accords économiques, le sommet a abouti à l’inauguration de plusieurs entités conjointes, dont un centre de coopération pour la réduction de la pauvreté, un centre pour les échanges éducatifs et un autre consacré à la prévention de la désertification. La Chine a également annoncé la création d’une plateforme de coopération pour la fluidification des échanges commerciaux.
Dans son allocution, Xi Jinping a rappelé que les pays d’Asie centrale étaient considérés comme des partenaires prioritaires dans la diplomatie de voisinage de la Chine. Pékin s’est engagé à offrir 3 000 formations professionnelles aux États de la région d’ici deux ans et à renforcer les partenariats universitaires et techniques, notamment via la création de centres culturels et de succursales universitaires dans les principales villes d’Asie centrale.
Sécurité régionale et ordre international
Les discussions ont également porté sur la sécurité collective et la stabilité régionale. Les six États ont affirmé leur volonté de renforcer la gouvernance en matière de lutte contre les idéologies extrémistes, le terrorisme transfrontalier et la criminalité organisée. Le président chinois a déclaré : « La Chine fera tout ce qu’elle peut pour aider les pays d’Asie centrale à combattre le terrorisme et à protéger la cybersécurité et la biosécurité » (Ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, 17 juin 2025).
Enfin, le sommet a permis de réaffirmer une position commune sur l’architecture internationale. Les dirigeants ont exprimé leur soutien à un monde multipolaire, fondé sur des principes d’égalité, de souveraineté et de justice. Ils ont confirmé leur engagement envers le système des Nations Unies et leur volonté de défendre la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et les acquis du multilatéralisme.