Astana joue la carte verte : la BERD investit dans les réseaux électriques kazakhstanais
réseaux électriques

Le 21 juin 2025, le ministère de l’Énergie du Kazakhstan a officialisé, en partenariat avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), un programme de modernisation « verte » de ses réseaux électriques. Un chantier titanesque visant à tripler la part des énergies renouvelables d’ici 2030. Derrière les chiffres, une mutation énergétique pilotée sous tension.

Après la production d’électricité, il est l’heure de s’attaquer aux réseaux

À Astana, le vice-ministre de l’Énergie, Sungat Yesimkhanov, a reçu les délégations de la BERD pour lancer les premières étapes d’une transformation aussi stratégique qu’indispensable. Car aujourd’hui, les réseaux électriques du Kazakhstan ressemblent davantage à un héritage soviétique qu’à une infrastructure du XXIᵉ siècle. Résultat : pertes techniques, coupures fréquentes et difficultés à intégrer les énergies vertes.

Le Kazakhstan ne peut plus ignorer l’évidence : les 6% d’électricité issus de sources renouvelables en 2025 font pâle figure à l’heure de la décarbonation mondiale. Le gouvernement affiche désormais l’objectif de 15% d’ici 2030, avec un cap à 50% pour 2050.

La BERD, déjà engagée à hauteur de 590 millions de dollars américains (environ 550 millions d’euros) pour soutenir des projets solaires et éoliens totalisant 788 mégawatts, poursuit son offensive verte. L’accord récemment signé avec le ministère prévoit un vaste chantier d’interconnexion, notamment avec le système de l’Ouest du pays, jusqu’ici isolé du réseau national.

Des infrastructures vieillissantes au service d’une stratégie climato-énergétique

À l’ouest du pays, les centrales à charbon se font âgées, les installations peinent à supporter les hausses de consommation, et la défaillance guette. La modernisation prévoit d’y intégrer non seulement des énergies renouvelables, mais aussi des centrales à gaz de nouvelle génération, considérées comme transitionnelles.

Le tout est articulé autour d’un concept central : la JETP – Just Energy Transition Platform. Ce cadre permettra de mobiliser des financements climat, y compris via le Green Climate Fund, pour financer des projets socialement équitables. L’objectif : ne pas laisser les petites villes et les campagnes à l’écart de cette transformation.

Astana sous haute tension : la capitale se prépare à encaisser la demande

Mais c’est dans la capitale que le chantier s’annonce le plus visible. Astana, en croissance rapide, suffoque sous les pics de consommation. La solution ? La création d’un deuxième centre d’alimentation d’ici 2028 et le déploiement d’une ligne à haute tension de 500 kilovolts. Objectif : contenir les risques de panne et absorber les fluctuations du réseau liées aux renouvelables. Cette infrastructure lourde, cofinancée par la BERD et des partenaires privés, devrait également réduire la dépendance aux sources fossiles instables, notamment en hiver.

COP29, graphite et jeux de pouvoir : le Kazakhstan place ses pions

La réforme énergétique ne se joue pas uniquement sur le terrain technique. Le Kazakhstan multiplie les gestes diplomatiques, comme en témoignent les accords signés à Bakou durant la COP-29, centrés sur les investissements verts transnationaux. Une manière de diversifier ses alliés alors que la Russie, par la voix d’Alexeï Likhachev (Rosatom), continue de proposer la construction de centrales nucléaires au Kazakhstan et en Ouzbékistan, qualifiées de « meilleures du monde » au Forum économique de Saint-Pétersbourg.

Pendant ce temps, le pays explore aussi ses propres gisements : les projets de développement de graphite dans le centre du Kazakhstan pourraient bientôt couvrir un tiers des réserves mondiales. Un levier stratégique pour les batteries et l’électromobilité.

Illustration www.freepik.com.

Par Rodion Zolkin
Le 06/22/2025

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