Le 20 septembre 2025, Moscou accueillera la première édition moderne du concours Intervision, événement remis au goût du jour après plus de quarante ans de silence. À cette occasion, le Kazakhstan a confirmé sa participation, sans avoir encore dévoilé son représentant. Cette compétition, conçue comme une alternative politique à l’Eurovision, rassemble vingt pays.
Le Kazakhstan s’invite à l’Intervision : vers un nouveau terrain d’expression culturelle ?
Annoncé officiellement par un décret du président Vladimir Poutine daté du 3 février 2025, Intervision marque une volonté affirmée de repositionner la Russie au centre d’un nouvel espace musical d’influence. L’arène choisie pour l’événement — la Live Arena, périphérie de la capitale russe — sera le théâtre d’un concours mêlant ambitions diplomatiques et enjeux culturels.
Une résurgence historique : Intervision, entre passé soviétique et réinvention stratégique
Créé dans les années 1960 sous l’égide de l’Organisation internationale de radiodiffusion et télévision (OIRT), le concours Intervision se voulait déjà un pendant de l’Eurovision. Il s’était éteint en 1980. Sa renaissance en 2025 est tout sauf anodine : exclue de l’Eurovision en 2022, la Russie réinvestit cette plateforme pour promouvoir ses propres codes esthétiques et valeurs. Dans un communiqué, les organisateurs ont justifié cette résurgence par la nécessité de « créer un espace de dialogue culturel ouvert et libre des dogmes imposés par les autres scènes ».
Le Kazakhstan n’a pas encore désigné son représentant, mais confirme sa participation. Le ministère de la Culture a indiqué au site Zakon.kz que plusieurs artistes kazakhstanais sont actuellement auditionnés. « Télédiffuseurs et agences culturelles mènent la sélection nationale jusqu’à la fin du mois de juin 2025 », a précisé le Comité kazakhstanais de la culture.
Parmi les candidats potentiels, de jeunes interprètes s’étant distingués sur des scènes nationales et internationales. Le choix du morceau et de la langue reste à définir. « Les participants pourront s’exprimer en kazakh, en russe, en anglais ou dans une combinaison linguistique adaptée à leur création », a précisé le ministère. Cette flexibilité linguistique fait écho à l’ambition multiculturelle du projet.
Vingt pays, une arène, mille équilibres
Au total, vingt États ont confirmé leur venue. Outre la Russie, figurent des pays comme les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Qatar, l’Afrique du Sud, ou encore la Biélorussie, l’Ouzbékistan et le Vietnam. Chaque délégation devra se conformer à une charte définissant les valeurs du concours. Les chansons doivent promouvoir « l’unité, la famille, la paix et la tradition », excluant explicitement tout contenu politique ou contestataire.
La Russie sera représentée par le chanteur Shaman, pseudonyme de Yaroslav Dronov, connu pour ses productions patriotiques. D’après les autorités, l’événement bénéficie d’un financement de 600 millions de roubles — environ 6,2 millions d’euros.
Un soft power assumé : quand la musique devient levier d’influence
Ce retour d’Intervision n’est pas perçu comme neutre. Selon plusieurs analystes, il s’agit d’un instrument de soft power déployé en réaction aux exclusions subies par Moscou sur la scène culturelle occidentale. L’Ukraine, par exemple, y voit une opération de communication masquée. Dans une déclaration reprise par Lenta.ru, un diplomate ukrainien parle d’« initiative propagandiste » et appelle à la prudence les nations invitées. Pour autant, le Kazakhstan, tout en entretenant une diplomatie équilibrée avec ses voisins, mise sur cette tribune pour faire rayonner sa nouvelle génération artistique.
L’Intervision, entre stratégie d’influence et tremplin artistique
Alors que le rideau ne s’est pas encore levé, Intervision 2025 suscite déjà des débats. Le Kazakhstan, en pleine phase de sélection, semble voir dans ce concours une opportunité d’expression alternative, entre alignement régional et affirmation artistique. L’événement promet de conjuguer musique, diplomatie et communication stratégique, dans un mélange aussi intriguant qu’incertain. Rendez-vous le 20 septembre 2025 pour découvrir si cette renaissance saura séduire au-delà des frontières qu’elle ambitionne de réinventer.