Le 9 juin 2025, un nouveau terminal multimodal kazakhstanais, le Poti TransTerminal, a été inauguré dans le port géorgien de Poti. Intégré au projet stratégique du Corridor transcaspien, il s’inscrit dans une logique de renforcement des chaînes logistiques reliant le Kazakhstan à l’Europe via la Géorgie et l’Azerbaïdjan.
Un terminal pionnier dans le Corridor transcaspien
Il n’aura fallu qu’un peu plus d’un an pour qu’un projet à 31,5 millions de dollars prenne corps dans le port géorgien de Poti. Le terminal, fruit d’une initiative kazakhstanaise portée par le groupe PTC Holding, a été officiellement mis en service lors d’une cérémonie mêlant industriels, diplomates et hauts fonctionnaires kazakhstanais, géorgiens et azerbaïdjanais. Le terminal mis en service traite jusqu’à 120 wagons simultanément, soit 50 conteneurs par heure, grâce à deux grues portiques et des engins modernes. Ce nouvel équipement ne se contente pas d’ajouter des rails et des grues à un quai : il restructure un axe stratégique, le corridor transcaspien, et offre au Kazakhstan un débouché direct sur la mer Noire.
Un projet calibré pour les grands flux
À peine les ciseaux tombés que les premiers conteneurs circulaient déjà sur les quais du Poti TransTerminal. Le site, capable de gérer 50 conteneurs à l’heure, peut accueillir jusqu’à 120 wagons en simultané. Pour le vice-président du Comité kazakhstanais des transports ferroviaires et maritimes, Kasyim Tlepow, l’enjeu dépasse de loin les chiffres : « L’ouverture du terminal à Poti est un exemple de coopération pragmatique entre nos pays. Elle marque une volonté commune de renforcer le corridor transcaspien, à un moment où les routes alternatives deviennent vitales ».
Le message est clair. Alors que les flux logistiques mondiaux cherchent à contourner les zones à risque ou sous sanction, l’axe Kazakhstan–Azerbaïdjan–Géorgie s’impose comme une artère de délestage stratégique.
Le corridor transcaspien en pleine accélération
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, le Corridor transcaspien a vu transiter 4,5 millions de tonnes de marchandises, soit une augmentation de 62% par rapport à 2023. Et ce n’est qu’un début. Le terminal de Poti, avec une capacité initiale de 80 000.EVP (équivalent vingt pieds), pourrait monter jusqu’à 200.000.
Les infrastructures intégrées – 3,3 kilomètres de voies ferrées, deux grues portiques dernier cri, plateformes de levage spécialisées – permettent d’assurer une cadence élevée et une fluidité accrue des flux. De quoi séduire les opérateurs confrontés aux goulets d’étranglement d’Asie centrale.
Quand logistique rime avec souveraineté économique
Pour le Kazakhstan, ce terminal constitue bien plus qu’un simple atout logistique. Il représente une forme d’indépendance économique. En contournant les corridors traditionnels trop exposés aux pressions géopolitiques, le pays diversifie ses débouchés et sécurise ses exportations, notamment dans les secteurs céréaliers, miniers et énergétiques.
L’un des effets immédiats est la possibilité, pour les entreprises kazakhstanaises, de participer activement à la constitution de flux de fret, avec des conditions tarifaires plus compétitives et des temps de transit réduits vers l’Europe. Un virage stratégique donc, dans un contexte où chaque jour gagné sur les routes de la soie modernes se traduit en millions d’euros d’opportunités commerciales.
Une plateforme construite à marche forcée
En quatorze mois à peine, le chantier a vu émerger un terminal conforme aux standards internationaux, entièrement pensé pour la modularité et l’interconnexion. Le directeur général de Poti TransTerminal, Oljas Arykbaïev, met en avant la robustesse des installations : « Nous avons conçu un site capable de fonctionner en continu, avec des équipements conçus pour l’efficacité. Chaque grue peut traiter 25 conteneurs par heure, et nous avons intégré des systèmes de manutention de dernière génération ».
En somme, tout est prêt pour absorber la croissance à venir. Et dans ce carrefour où l’Asie centrale tutoie les marchés européens, la bataille logistique s’annonce acharnée.