Un Forum d’affaires France-Kazakhstan vient de se tenir à Astana, révélant une nouvelle étape dans le renforcement d’un partenariat stratégique entre les deux pays. Ce rendez-vous majeur a officialisé la signature de quinze accords et contrats dans des secteurs aussi variés que l’énergie, l’agriculture, la santé, le numérique ou encore la gestion des ressources. Mais au-delà des annonces, que traduisent ces engagements pour l’avenir économique des deux pays ?
Kazakhstan et France : un partenariat économique au sommet des priorités
Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre du Kazakhstan, Olzhas Bektenov, a rappelé que « la coopération avec la France est l’une des priorités absolues de la politique étrangère du Kazakhstan ». Le poids de cette alliance ne se limite pas à la rhétorique : la France est le principal partenaire économique du Kazakhstan en Asie centrale, représentant à elle seule 80% du commerce entre l’Union européenne et la région.
Le commerce bilatéral a bondi de 31% en 2024, totalisant 5,5 milliards de dollars (soit environ 5,2 milliards d’euros). Ce dynamisme s’appuie sur plus de 200 entreprises françaises implantées au Kazakhstan, avec des investissements cumulés avoisinant les 20 milliards de dollars (près de 19 milliards d’euros). Cette intensité économique n’est pas un hasard, mais le fruit d’une stratégie d’implantation volontariste, portée par des géants comme Total Energies, Alstom, Air Liquide ou encore Danone.
Le Kazakhstan, un terrain fertile pour les ambitions françaises dans les secteurs stratégiques
Le forum a mis en lumière des projets emblématiques. Total Energies pilote un parc éolien d’1 GW dans le sud du pays, signe tangible d’un engagement commun vers la transition énergétique. Alstom continue de localiser sa production et étend ses investissements dans le transport ferroviaire. Air Liquide s’engage dans une usine d’hydrogène à Pavlodar, promettant de réduire la dépendance kazakhe aux carburants importés.
Dans le domaine agricole, des sociétés comme Lidea, Danone et Lactalis participent activement au développement des industries agroalimentaires et laitières. La collaboration s’étend aussi à la recherche et à l’éducation avec l’ouverture d’écoles françaises à Astana et Almaty, et la création d’un centre universitaire franco-kazakh sous l’égide de l’Université de Lorraine.
Laurent Saint-Martin, ministre délégué français, soulignait dans une interview à l’Astana Times : « La France est fière d’être devenue le cinquième partenaire commercial du Kazakhstan en 2024. Nous sommes parmi les cinq plus grands investisseurs étrangers dans le pays, avec des entreprises qui créent des emplois de qualité et développent le tissu industriel ».
Un forum axé sur l’innovation et la diversification
Ce forum ne s’est pas contenté de célébrer des succès passés, il s’est inscrit dans une dynamique d’innovation et de diversification. Quatre panels thématiques ont abordé les enjeux cruciaux : santé, agriculture, industrie, et services urbains.
L’intelligence artificielle et la digitalisation occupent une place croissante, illustrée par l’accord stratégique signé entre CleverCloud et QazCloud pour un centre de recherche commun à Astana. Le secteur de la santé bénéficie également d’un coup de projecteur, avec la livraison de mammographes financés par la France et destinés au dépistage du cancer du sein, dans le cadre d’un partenariat avec le Centre Républicain de Soins Primaires.
Dans le domaine de l’énergie, EDF, forte de son expérience avec 57 réacteurs nucléaires en France, discute avec le Kazakhstan sur la construction d’une centrale nucléaire à la pointe de la technologie. Bernard Fontana, PDG d’EDF, rappelait lors du forum l’importance de la sécurité et de la souveraineté technologique dans ces projets.
Laurent Saint-Martin au Kazakhstan : ambitions et engagements
Le ministre français a insisté sur la volonté d’élargir le spectre des collaborations. « Nous voulons ouvrir de nouvelles voies, notamment dans l’agriculture, la santé, le numérique et les services urbains, en valorisant le savoir-faire français », a-t-il déclaré. Son déplacement coïncide avec la pose de la première pierre d’un nouveau centre logistique Alstom à Astana, symbole d’une implication économique profonde.
Laurent Saint-Martin a également évoqué les mécanismes mis en place pour faciliter l’entrée des PME françaises sur le marché kazakhstanais, notamment via des garanties financières, des prêts et des financements directs. Cette approche vise à multiplier les succès dans les secteurs de l’énergie, de la construction et de l’industrie, domaines prioritaires pour les deux pays.
Le Forum d’affaires France-Kazakhstan du 28 mai 2025 dépasse donc le simple cadre des annonces économiques pour incarner une stratégie d’alliance ambitieuse et pragmatique. Avec 15 accords signés et un engagement financier colossal, la France consolide son rôle de partenaire incontournable du Kazakhstan. Mais c’est surtout la diversification des secteurs, la modernisation industrielle, et l’innovation qui tracent la voie vers un avenir partagé, au carrefour de l’Europe et de l’Asie.