Au Kazakhstan, les sociétés cotées ont désormais l’obligation de révéler leurs bénéficiaires finaux
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Alors que les marchés boursiers multiplient les exigences de transparence, un pays d’Asie centrale vient de faire sauter un verrou discret mais décisif. Reste à savoir qui tremblera le plus à l’annonce de cette réforme.

Transparence renforcée pour les sociétés cotées : une réforme aux allures de rupture

Le 21 mai 2025, le Kazakhstan a mis en place un changement réglementaire majeur concernant les sociétés cotées sur ses marchés financiers. Ces dernières pourront désormais exiger de connaître l’identité réelle des bénéficiaires finaux de leurs actionnaires. Une avancée jugée décisive par l’Agence de régulation et de développement du marché financier (ARDFM), dans un pays encore marqué par l’opacité actionnariale. Cette mesure concerne l’ensemble des entreprises cotées, et promet de bouleverser les équilibres silencieux de plusieurs secteurs clés.

L’initiative part d’un constat brutal : la structure actionnariale de nombreuses sociétés cotées au Kazakhstan repose sur des montages opaques, souvent camouflés derrière des holdings étrangères ou des comptes de dépôt anonymes. Avec cette réforme, l’ARDFM entend bien démanteler les écrans de fumée. Concrètement, toute entreprise dont les titres sont échangés sur les places financières kazakhstanaises – autrement dit, les sociétés cotées – pourra solliciter le Dépôt central du pays afin d’identifier les véritables détenteurs de ses actions. Ce dernier contactera ensuite les titulaires des comptes-titres concernés, lesquels devront fournir sous douze jours ouvrables les informations précises sur les bénéficiaires finaux. Ce dispositif n’est pas cosmétique. Il s’applique aussi bien aux sociétés financières qu’aux opérateurs de télécommunications longue distance, aux compagnies aériennes, ou encore aux propriétaires de médias et d’infrastructures énergétiques. Des secteurs où la question de la nationalité des actionnaires est tout sauf neutre.

Ce durcissement réglementaire n’est pas anodin. Il cible explicitement les participations étrangères dans les secteurs stratégiques. Car si certaines portes ont longtemps été laissées entrebâillées, les verrous se sont depuis multipliés. Dans les compagnies aériennes, les investisseurs étrangers ne peuvent désormais pas posséder plus de 49% du capital. Même plafond dans les télécommunications interurbaines. Pour les médias, la barre est fixée à 20%. Et si certaines sociétés offshore espéraient se glisser par des voies détournées, elles se heurteront à un refus catégorique : elles ne sont tout simplement pas autorisées à détenir des parts dans les banques ou compagnies d’assurance nationales. Cette procédure permettra aux émetteurs kazakhstanais d’exercer un contrôle sur la nationalité de leurs actionnaires, ainsi que sur celle des bénéficiaires finaux.

Fin des zones grises : les sociétés cotées appelées à assumer leurs alliances

Pourquoi maintenant ? Le contexte est tout sauf anodin. Depuis le 14 mars 2025, le Kazakhstan a lancé un Registre national des investisseurs : une base de données qui recense projets, capitaux engagés et profils des investisseurs. L’ombre n’a donc plus la cote. Cette stratégie de mise en lumière vise à renforcer la confiance dans le système financier national et à aligner les normes kazakhstanaises sur les standards internationaux. Pour les sociétés cotées, cette évolution constitue autant une promesse de solidité institutionnelle qu’une injonction à la vigilance. Car ce ne sont pas seulement les investisseurs étrangers qui pourraient être visés, mais aussi les réseaux locaux ayant longtemps profité du flou juridique.

Par Païsiy Ukhanov
Le 05/22/2025

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