Le 14 mai 2025, Euronews a diffusé un épisode de sa série « Modern Nomads », cette fois-ci consacré au tazy, lévrier kazakhstanais au port altier. Animal totem d’un peuple nomade, ce chien s’élance désormais dans une nouvelle course : celle de la reconnaissance internationale. Autrefois connu uniquement des cercles de cynophiles, le tazy s’impose aujourd’hui comme un emblème national, un vecteur d’influence, et — pourquoi pas ? — un outil de diplomatie culturelle.
Le tazy : du désert à l’écran, l’icône du Kazakhstan réinventée
Chien de chasse endurant et silencieux, compagnon des steppes, le tazy est plus qu’un animal au Kazakhstan : c’est une mémoire vivante. C’est ce qu’Euronews a décidé de mettre en valeur dans un épisode immersif de son émission « Modern Nomads », dédiée au Kazakhstan.
L’épisode trace un parallèle entre la survie du tazy — reconnu en 2023 par la Fédération cynologique internationale (FCI) — et celle d’une culture nomade menacée par la modernité. L’image est saisissante : des scènes de chasse traditionnelles alternent avec des entretiens pointus d’éleveurs, historiens et vétérinaires. Le président Kassym-Jomart Tokaïev y est brièvement mentionné, lui qui a offert deux tazys au président français Emmanuel Macron en 2023.
Euronews et le Kazakhstan : entre vitrine et stratégie d’image
Mais pourquoi Euronews filme-t-il le tazy, et pourquoi maintenant ? Parce que rien n’est anodin. Derrière ce documentaire animalier se cache un accord diplomatique plus vaste. Le 16 juillet 2024, Aida Balayeva, ministre de la Culture du Kazakhstan, signait un protocole d’accord avec Pedro Vargas David, président du conseil d’administration d’Euronews. Objectif : ouvrir un bureau régional à Astana. Ce n’est pas une coïncidence. Ce bureau, décrit par Vargas David comme « le plus oriental de toute l’histoire d’Euronews », devient un pivot géopolitique. Il servira à produire des contenus — dont « Modern Nomads » — destinés à valoriser l’Asie centrale aux yeux de l’Europe.
Lancée officiellement le 29 janvier 2025, l’Euronews Academy, un programme de formation journalistique en partenariat avec des universités kazakhstanaises, complète cette stratégie. Il s’agit de former une génération de journalistes locaux à des standards européens — tout en leur donnant les moyens de parler d’eux-mêmes, à l’international.
Le président Tokaïev ne cache pas ses ambitions. Le 16 mai 2025, lors de l’inauguration du bureau d’Euronews à Astana, il déclarait sans détour : « Je suis convaincu qu’Euronews contribuera à promouvoir une image positive de la région et à approfondir la coopération politique, économique, commerciale, culturelle et humanitaire entre nos pays et l’Union européenne ».
Une diplomatie à quatre pattes
Le choix du tazy pour inaugurer cette collaboration médiatique n’est donc pas anodin. Ce lévrier incarne l’équilibre parfait entre tradition et modernité, animalité et image de marque, nature et nation. Le Kazakhstan ne vend pas seulement un chien au monde : il raconte une histoire, qu’il veut désormais mondiale. Et c’est en cela que le tazy court bien plus vite qu’on ne l’imagine. Derrière son museau fuselé, c’est un pays entier qui tente de se propulser dans les radars géopolitiques, au trot… mais avec méthode.