Le 1er juin 2025 marquera une date charnière dans les relations bilatérales entre la Chine et l’Ouzbékistan. Pékin et Tachkent activeront ce jour-là un accord d’exemption de visa signé le 1er décembre 2024 à Chengdu. Cet accord bilatéral permettra aux citoyens ouzbeks de se rendre en Chine — et réciproquement — sans visa pour des séjours touristiques de courte durée. Une évolution majeure dans les dynamiques régionales.
Pékin déroule le tapis rouge : la Chine ouvre ses frontières à l’Ouzbékistan
Jusqu’ici contraints par une bureaucratie lourde, les voyageurs ouzbeks vont pouvoir, dès le 1er juin 2025, fouler le sol chinois sans passer par la case consulaire. En vertu de l’accord sino-ouzbek, les citoyens des deux pays bénéficieront d’un séjour sans visa de 30 jours par entrée, avec un plafond de 90 jours sur une période de 180 jours. Le texte, signé à Chengdu le 1er décembre 2024, est le fruit d’un dialogue diplomatique soutenu.
Mais attention : ce privilège n’est pas extensible à toutes les activités. Comme l’a précisé le ministère des Affaires étrangères d’Ouzbékistan, « le régime sans visa ne s’applique pas aux activités professionnelles, éducatives, médiatiques, ni à toute autre occupation nécessitant une autorisation préalable ». De plus, il exclut expressément les régions administratives spéciales chinoises comme Hong Kong et Macao.
Tourisme et stratégie : la Chine soigne son image au cœur de l’Asie centrale
Ce régime sans visa n’est pas une lubie improvisée. Il s’inscrit dans un cadre stratégique plus large : conquérir les faveurs de ses voisins ou les arrimer davantage à son orbite économique. Cette politique d’ouverture s’accompagne d’un message clair : « renforcer les échanges commerciaux, culturels et touristiques » en facilitant la mobilité.
Déjà en mars 2021, l’Ouzbékistan avait ouvert ses frontières aux touristes chinois pour des séjours de 10 jours sans visa. Une décision saluée à Pékin. « Des propositions pour simplifier les procédures de visa pour les Ouzbeks sont en cours d’examen », déclarait alors Yu Jun, l’ambassadeur de Chine en Ouzbékistan.
Après le Kazakhstan, l’Ouzbékistan : le domino régional s’installe
Ce n’est pas un hasard si l’Ouzbékistan emboîte le pas au Kazakhstan. Pékin a déjà conclu avec le Kazakhstan un accord d’exemption mutuelle de visa en mai 2023, entré en vigueur à l’automne. Le dispositif, révélé par La Presse Turquoise dans son article du 8 août 2023, prévoit un accès sans visa de 30 jours pour les ressortissants des deux pays.
La Chine tisse ainsi patiemment un maillage diplomatique autour de ses frontières ouest, consolidant sa présence régionale sans user de coercition. Elle offre du tourisme et de la mobilité comme monnaie d’influence, tout en se gardant de toute naïveté : l’accord exclut toute forme d’immigration économique ou académique sans autorisation préalable.
Une géopolitique du visa : liberté de circulation ou levier diplomatique ?
En surface, tout semble guidé par un esprit d’ouverture. Mais ce dispositif est d’abord un outil de diplomatie économique. Car qui dit tourisme, dit dépenses. La Chine entend capter les flux touristiques émergents d’Asie centrale. Le yuan pourrait bientôt sonner dans les rues de Pékin, Shanghai ou Xi’an au rythme des guides ouzbeks.
Derrière la vitrine touristique, l’accord cache aussi un objectif politique. Il permet à la Chine de s’ancrer plus solidement dans une région que lorgne également la Russie. À chaque exemption de visa signée, Pékin imprime un peu plus sa marque au sein de la zone post-soviétique.