KAZ Minerals muscle Bozshakol : une montée en puissance qui bouscule le cuivre
cuivre KAZ Minerals

La société KAZ Minerals a annoncé l’extension des capacités de production de son complexe industriel de Bozshakol, situé dans le nord-est du Kazakhstan. Cet ajustement technique, centré sur le traitement des minerais de cuivre, marque une nouvelle étape dans la stratégie minière du pays, dans un contexte de concurrence mondiale intense sur les ressources stratégiques. La filière cuivre, pilier discret de l’économie kazakhstanaise, se trouve ainsi au cœur de manœuvres industrielles décisives.

Une fabrique de cuivre qui ne dort jamais

Bozshakol n’est pas un nom qui claque dans les Bourses mondiales, et pourtant, il fait parler de lui dans les cercles spécialisés. À partir de 2025, la capacité annuelle de traitement de minerai de cuivre de l’usine passera de 28 à 30 millions de tonnes. Ce bond en avant concerne également l’installation secondaire traitant les minerais kaolinisés, qui grimpera de 7 à 8 millions de tonnes. L’objectif ? Exploiter davantage le potentiel du gisement jusqu’à l’horizon 2040. D’après les informations du média kazakhstanais Kursiv, la montée en puissance concerne l’OF-1 (usine de cuivre-molybdène), qui passe de 28 à 30 millions de tonnes, et l’OF-2 (traitement des minerais kaolinisés), de 7 à 8 millions de tonnes par an.
Pourquoi cet effort maintenant ? La société ne joue pas aux apprentis sorciers : dès 2024, des tests industriels ont été réalisés avec succès. L’installation de pompes supplémentaires et la mise en place de conduites renforcées pour le circuit du molybdène n’ont pas été faites pour le plaisir. Le site tourne à plein régime, en devançant déjà ses capacités projetées. Pour KAZ Minerals, l’heure n’est pas au sommeil industriel, mais à la surperformance.

KAZ Minerals : un titan du cuivre en mutation

Le cuivre, ce métal rouge qu’on trouve autant dans les smartphones que dans les réseaux électriques, se négocie à coups de millions de tonnes. Et KAZ Minerals, ce groupe détenu à 63,5% par le milliardaire Vladimir Kim (classé 609e fortune mondiale par Forbes avec 5,7 milliards de dollars), entend peser plus lourd dans la balance. En 2024, la société a produit 379.900 tonnes de cuivre, contre 403.400 tonnes en 2023 – une baisse attribuée aux teneurs déclinantes du minerai.

Le gisement de Bozshakol, en lui-même, a généré 104.700 tonnes cette même année, tandis qu’Aktogaï, un autre pilier du groupe, en a produit 228.800 tonnes. Les chiffres sont solides, mais la compétition mondiale est rude. Pour tenir tête aux géants, il faut produire plus… et mieux.

L’enjeu n’est pas uniquement technique. Il est stratégique. Le groupe a traité 96,5 millions de tonnes de minerai en 2024, soit 6% de plus qu’en 2023, atteignant un record absolu. Le PDG, Andrew Southam, a affirmé que « les usines d’Aktogaï et de Bozshakol ont continué de fonctionner au-delà de leurs capacités nominales en 2024 ». Dans un secteur où chaque pourcentage compte, cela sonne comme une déclaration de guerre aux standards passés.

Le Kazakhstan, un outsider du cuivre qui grimpe

Dans la grande ligue du cuivre mondial, le Kazakhstan se place au 9ᵉ rang avec 740.000 tonnes produites en 2024, soit environ 3,2% de la production mondiale estimée à 22,9 millions de tonnes. C’est mieux que le Mexique, mais loin derrière le Chili (5,3 millions de tonnes) ou la RDC (3,3 millions). Pourtant, la marge de progression est là.

Avec ses mines géantes et des réserves considérables encore sous-exploitées, le pays ne cache plus ses ambitions. En février 2024, un Plan national de développement minier a été lancé, avec pour objectif une hausse de 40% de la production minière d’ici 2029. Incitations fiscales, cofinancements et prospection intensive sont au programme. Dans cette partition, KAZ Minerals joue le premier violon.

La hausse de capacité annoncée pour Bozshakol n’est donc pas un feu de paille, mais une note dans une symphonie industrielle. Et si le Kazakhstan veut vraiment s’inviter à la table des grands, il va devoir jouer fort, et juste.

Une usine, une vision, un empire

On pourrait penser que cette montée en charge n’est qu’un épisode technique, un réglage d’usine parmi tant d’autres. Ce serait une erreur de diagnostic. Ce qui se joue à Bozshakol, c’est la capacité d’un pays à convertir ses richesses géologiques en levier géopolitique. Le cuivre n’est pas seulement un métal : c’est le nerf d’une transition énergétique mondiale, le fluide vital des réseaux électriques et le catalyseur d’une industrie verte.

Et Bozshakol ? C’est bien plus qu’un site minier. C’est une vitrine. Une preuve que le Kazakhstan, longtemps relégué aux marges du commerce mondial, sait aujourd’hui extraire, transformer et livrer avec efficacité. Reste à voir si la demande mondiale, en perpétuelle évolution, suivra le rythme imposé par ces ambitions industrielles.

Illustration www.freepik.com.

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