Les 21-23 avril 2025, le ministre kazakhstanais de l’Économie, Serik Zhumangarin, s’est rendu en Afghanistan pour une visite stratégique. Marquée par une série d’annonces, cette mission témoigne d’une volonté croissante d’ancrer les relations bilatérales dans une logique de coopération durable. Dans un contexte régional en mutation, cette démarche s’inscrit dans une dynamique plus large d’expansion économique du Kazakhstan vers le Sud. L’Afghanistan, pays incontournable de la diplomatie régionale, pourrait bien devenir un levier d’influence économique pour le Kazakhstan.

Un nouveau chapitre afghan pour la diplomatie économique du Kazakhstan

Lors de son séjour à Kaboul, Serik Zhumangarin a officialisé la remise de la seconde moitié de l’aide humanitaire kazakhstanaise, constituée de médicaments, à la partie afghane. Un geste à forte valeur symbolique, mais qui ne saurait masquer la véritable nature du déplacement : jeter les bases d’un partenariat économique ambitieux.

À l’occasion de sa rencontre avec le vice-premier ministre Abdul Ghani Baradar, le ministre kazakhstanais a proposé la création d’un « Maison du commerce du Kazakhstan à Kaboul », initiative aussitôt saluée par son interlocuteur, lequel a exprimé le souhait symétrique d’ouvrir une structure équivalente sur le sol kazakhstanais.

Ce projet de double implantation commerciale s’inscrit dans un objectif beaucoup plus vaste : tripler le volume des échanges commerciaux pour atteindre les 3 milliards de dollars américains à moyen terme. Pour y parvenir, les deux pays misent sur une diversification des flux : sucre, produits de boulangerie, céréales, mais aussi importation de légumes afghans vers les marchés du Kazakhstan.

Afghanistan : nouvel eldorado minier pour les entreprises kazakhstanaises ?

Le volet le plus ambitieux du voyage concerne l’exploration minière. En amont de la visite officielle, une équipe de géologues et d’ingénieurs kazakhstanais s’est rendue en province de Nuristan, où elle a prélevé 130 kg d’échantillons de minerais issus de gisements potentiels contenant béryllium, plomb et zinc. « Dans la province du Nuristan, des spécialistes ont prélevé 130 kg d’échantillons de minerai dans des gisements potentiels contenant du béryllium, du plomb et du zinc. […] La partie kazakhe est prête à entamer des négociations plus approfondies en vue de l’exploitation des gisements », a fait savoir le ministère kazakhstanais de l’Économie.

Les analyses en laboratoire doivent encore confirmer l’intérêt des échantillons, mais déjà, Astana se projette dans un partenariat d’envergure sur l’exploitation des ressources naturelles afghanes. Le ministère afghan de l’Industrie minière a apporté son soutien logistique à cette mission d’exploration, ouvrant la voie à de futurs accords de développement commun.

Télécoms, transports, investissements : l’Afghanistan au cœur des ambitions kazakhstanaises

Le ministre kazakhstanais de l’Économie n’a pas ménagé ses efforts pour diversifier les points d’entrée économique. En marge de la rencontre avec Abdul Ghani Baradar, il a discuté avec le ministre afghan des Communications, Najibullah Haqqani, d’une collaboration sur les infrastructures numériques. En ligne de mire : la pose de câbles optiques le long de la future voie ferrée Torghundi-Herat, un chantier stratégique pour connecter l’Afghanistan aux corridors de transport régionaux.

Vers une intégration régionale par l’économie

En somme, cette visite à haute intensité diplomatique illustre la stratégie de « soft power économique » que poursuit le Kazakhstan au sud de ses frontières. Si les résultats concrets devront encore se matérialiser, les engagements et annonces posent les jalons d’une coopération potentiellement structurante. L’Afghanistan, théâtre d’instabilités récurrentes, est peut-être en train de devenir, pour le Kazakhstan, plus qu’un voisin : un partenaire de croissance à haut potentiel