Depuis le 21 avril 2025, la Francophonie s’installe au Tadjikistan, où le français ne se parle pas à tous les coins de rue, mais où il s’écoute, se goûte et se joue. Et c’est bien là tout l’enjeu de ces Journées de la Francophonie organisées jusqu’au 2 mai 2025 : raviver la langue de Molière dans un pays qui en a fait un pont culturel plus qu’un outil quotidien. Cinéma, gastronomie, musique et échanges pédagogiques rythment ce mois sous le signe de la diversité francophone, orchestré par l’ambassade de France à Douchanbé, en partenariat avec la Suisse.
Un mois pour faire vivre la Francophonie à Douchanbé
Comment faire exister la Francophonie loin de Paris, de Montréal ou de Bruxelles ? À Douchanbé, la réponse tient en un festival de films francophones organisé au cinéma Vatan. Les 21, 22, 24 et 25 avril 2025, les spectateurs découvrent une programmation aussi éclectique qu’inattendue : du drame écologique français « Les Algues vertes » au documentaire belge « Le Balai libéré », sans oublier l’animation poignante « Interdit aux chiens et aux Italiens » d’Alain Ughetto.
Toutes les projections, offertes gratuitement, sont présentées en version originale sous-titrée en russe, dans un souci d’accessibilité linguistique. À travers cet écran, ce sont les quatre coins de la Francophonie qui se donnent rendez-vous dans la capitale tadjike.
La Francophonie au-delà des mots : entre gastronomie, musique et savoirs
Mais la Francophonie ne se résume pas à ses dialogues de cinéma. À Douchanbé, elle s’invite aussi à table et en musique. Le 22 avril 2025, les fourneaux s’activent au Douchanbé Mall pour un premier atelier de pâtisserie consacré à la madeleine, suivi dès le lendemain par une leçon de tarte au citron meringuée. Il faut réserver sa place, car chaque session est limitée à 12 curieux. Et la gourmandise est gratuite.
Le 23 avril, la salle du théâtre d’opéra et de ballet Sadriddin Ayni accueille un concert exceptionnel du pianiste français François Chaplin. À son programme : Satie, Debussy, Chopin — de quoi faire résonner les murs du classique hexagonal, pour 80 somonis (environ 6,80 euros). Une manière élégante de démontrer que le français peut aussi s’écouter sans un mot.
Savoirs et transmission : une Francophonie qui se débat et s’enseigne
Qui a dit que la Francophonie n’était qu’un héritage muséal ? Au Tadjikistan, elle est surtout une affaire de pédagogie active. Plus de 6.000 élèves et étudiants apprennent actuellement le français dans le pays. Et pour eux, ces Journées sont une opportunité rare de voir leur apprentissage sortir des manuels. L’université pédagogique, le collège de chorégraphie ou encore le lycée QSI participent à des spectacles en français, alliant théâtre, poésie et danse.
Et comme une langue vit aussi par les échanges universitaires, Campus France organise deux journées portes ouvertes les 25 et 26 avril 2025, pour orienter les étudiants tadjiks vers les établissements français. La Francophonie comme passeport, en somme.
Même les chercheurs auront leur moment : une conférence se tiendra le 29 avril à la Bibliothèque nationale pour explorer les influences lexicales françaises dans le tadjik. Voilà une manière savante de rappeler que la Francophonie n’est pas un club, mais un terrain d’interactions complexes.
Un quiz, des écoles, des alliances : la Francophonie comme jeu collectif
Le 27 avril 2025, c’est au tour du public de tester sa culture francophone dans un grand quiz organisé au Diar Douchanbé. Géographie, cinéma, gastronomie : autant de terrains où l’on mesure l’étendue d’un espace linguistique à géométrie variable. Une Francophonie qui ne se laisse pas enfermer dans les frontières ni les définitions rigides.
Cette célébration n’aurait pas de sens sans les institutions locales qui s’engagent, à l’instar de l’Alliance Française de Khoudjand ou des universités partenaires, mobilisées pour organiser pièces de théâtre et expositions. Car si la Francophonie rayonne, c’est aussi grâce à ceux qui la portent au quotidien, loin des grands sommets diplomatiques.