Allocations au Kazakhstan : les dépenses des bénéficiaires sont scrutées avant chaque versement
l'aide sociale ciblée

Une réforme sociale inédite vient d’émerger au Kazakhstan. Derrière les chiffres et les déclarations officielles, un tournant s’esquisse : désormais, pour obtenir une aide, il faudra d’abord tout dévoiler. Qui dépense quoi, pourquoi, comment ? L’État kazakhstanais veut scruter les portefeuilles avant d’ouvrir le sien.

L’État kazakh resserre les mailles : au cœur de la réforme de l’« ASP »

Le 17 avril 2025, le gouvernement du Kazakhstan a officialisé une réforme profonde du dispositif d’allocation sociale ciblée (« ASP »), un mécanisme de soutien financier destiné aux foyers les plus vulnérables. Désormais, avant de débloquer la moindre aide, les autorités se donneront le droit d’examiner en détail les dépenses des demandeurs. Une décision qui soulève autant d’interrogations que d’espérances.

Le Kazakhstan revoit sa copie. Le ministère du Travail et de la Protection sociale a soumis une modification des « Règles d’attribution et de versement de l’allocation sociale ciblée ». Objectif affiché ? S’assurer que cette aide d’État atteigne exclusivement les bénéficiaires réellement en situation de précarité. Pour y parvenir, l’administration prévoit désormais un accès, avec le consentement du demandeur, aux données financières personnelles de ce dernier. Les autorités scruteront notamment les mouvements bancaires, les prêts contractés, les éventuelles économies, et même les microcrédits. Comme le résume froidement le texte du ministère : « Le projet de décret prévoit l’obtention d’informations relatives aux opérations de dépenses, aux mouvements de fonds sur les comptes bancaires, aux emprunts, à l’épargne et aux comptes à terme ». Cette réforme vise une double finalité : renforcer le ciblage et assurer une transparence maximale dans l’attribution de l’ASP aux citoyens réellement dans le besoin.

« Aspbankinfo », une plateforme pour tout savoir sur ceux qui demandent

Un nouvel outil numérique vient s’ajouter à l’arsenal administratif : Aspbankinfo, un portail centralisé pensé pour collecter et traiter les données bancaires des aspirants bénéficiaires. Cette plateforme permettra aux agents administratifs de croiser les déclarations faites par les demandeurs avec la réalité de leurs flux financiers, ceci dans un objectif assumé de vérification.

Concrètement, chaque citoyen souhaitant bénéficier de l’ASP devra donner son aval à l’accès à ses relevés bancaires. L’État s’arroge ainsi le droit de jauger la situation économique des foyers par le prisme des dépenses réelles, et non plus seulement par les revenus déclarés.

Le système d’ASP repose déjà sur plusieurs conditions : il est versé chaque trimestre aux familles dont les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté, avec une aide complémentaire mensuelle pour les enfants de 1 à 6 ans. Au 1er avril 2025, cette aide a concerné 65.000 enfants pour un montant total de 1,1 milliard de tenges (environ 2,2 millions d’euros).

Quelles dépenses seront surveillées ? Et à quelle fin ?

Les autorités n’ont pas détaillé l’ensemble des critères de filtrage, mais les éléments connus permettent de dresser une liste des données désormais prises en compte :

– Les transactions bancaires quotidiennes ;
– Le solde et les mouvements des comptes ;
– Les crédits en cours, y compris les microcrédits ;
– Les comptes d’épargne.

À travers ces informations, le gouvernement entend calculer une image plus fidèle de la capacité réelle des demandeurs à subvenir à leurs besoins. Le simple fait de déclarer un revenu faible ne suffira plus : il faudra prouver que les sorties d’argent correspondent bien à un mode de vie modeste.

Newsletter

Pour rester informé des actualités de l’Asie centrale