Le Kazakhstan confirme sa position de locomotive industrielle d’Asie centrale

En Asie centrale, un pays a décidé de ne plus jouer les seconds rôles. Depuis ses hauts-fourneaux jusqu’à ses lignes d’assemblage de véhicules électriques, le Kazakhstan forge son avenir industriel avec une détermination qui ne laisse aucune place au doute.

Un cap assumé : l’industrie comme colonne vertébrale économique

Le 18 avril 2025, le ministère de l’Industrie du Kazakhstan a publié un chiffre impressionnant : 106,8 milliards de dollars. C’est le montant faramineux de la production industrielle du pays pour l’année 2024. Un résultat qui surclasse de 50 % celui de l’Ouzbékistan, le poursuivant immédiat. Ce même total laisse le Kirghizstan et le Turkménistan loin derrière, écrasés par un différentiel de productivité de 16 et 22 fois respectivement.

Ce n’est pas un accident de conjoncture, mais bien l’effet cumulé d’un plan concerté, méthodique et volontariste. Loin de se satisfaire de l’exportation brute de ressources naturelles, le Kazakhstan investit massivement dans la transformation locale et la montée en gamme industrielle. Résultat ? Une progression de 8,7 % de l’industrie manufacturière au premier trimestre 2025 et une croissance globale du PIB de 5,8 % sur la même période.

Une avalanche de projets pour une avalanche de résultats

En 2024, 180 projets industriels ont vu le jour, représentant 1,3 trillion de tenges (environ 2,6 milliards d’euros) d’investissements et 14.400 emplois permanents créés. Et le rythme s’accélère : 190 nouveaux projets sont annoncés pour 2025, avec 1,5 trillion de tenges (environ 3 milliards d’euros) de capital engagé. En ligne de mire : 20.000 nouveaux postes de travail et une explosion des capacités de production.

Le détail des chantiers suffit à donner le tournis. Dans la région de Kustanay, KamLitKZ fabrique désormais de la fonte pour poids lourds à hauteur de 45.000 tonnes par an. En parallèle, Zhétissou Volfraam extrait et transforme des minerais de tungstène dans l’Almaty profonde. Kyzyl Aray Copper vise, elle, les 30.000 tonnes annuelles de cuivre cathodique, tandis que Ulytau Gold mise sur l’alliage or-argent Dore.

Du côté des matériaux de construction, TechnoNIKOL-Kazakhstan produit 1,4 million de m³ de laine de roche et 400.000 m³ de polymères isolants. Et que dire de la future usine automobile Astana Motors à Almaty, qui sortira jusqu’à 90.000 véhicules par an pour des marques chinoises comme Chery, Haval, Changan et Tank ?

L’automobile, nouvel étendard du Kazakhstan industriel

Ce virage ne relève pas de la symbolique : le Kazakhstan veut devenir le hub automobile de l’Asie centrale. La logique est simple : les voitures ne se contentent pas d’être assemblées, elles déclenchent des chaînes complètes d’approvisionnement, de logistique et de main-d’œuvre qualifiée. Hyundai Trans Kazakhstan à Almaty assemble déjà 50.000 unités par an, Allur à Kostanaï monte jusqu’à 125.000 véhicules. Demain, KIA y ajoutera 70.000 voitures supplémentaires par an, grâce à une nouvelle implantation de 90 milliards de tenges (environ 180 millions d’euros).

Mais cette course automobile est un cheval de Troie. Le Kazakhstan s’en sert pour muscler ses filières annexes : tubes en acier, pièces détachées, équipements mécaniques lourds, infrastructures ferroviaires, aluminium, ferrosilicium… L’usine EkibastuzFerroAlloys, à elle seule, prévoit de livrer 240.000 tonnes de ferrosilicium par an.

Une stratégie nationale pensée pour durer

Ce redéploiement industriel n’est pas un effet de mode. Il répond à une vision présidentielle réaffirmée sans ambiguïté : « La croissance de la transformation industrielle, la création d’emplois et l’intégration des technologies modernes sont stratégiques pour le Kazakhstan ». Et cela fonctionne. L’agence de notation Standard & Poor’s a maintenu la note souveraine du pays à « BBB-/A-3 » avec une perspective stable, soulignant « les solides équilibres budgétaires et extérieurs » qui lui permettent de faire face à des risques géopolitiques ou énergétiques.

Les partenaires internationaux ne s’y trompent pas : Carlsberg ouvre un site de production, et les flux d’investissements étrangers ont atteint 12,7 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de 2024.

Le Kazakhstan, avenir de la supply chain énergétique ?

Dernier chantier, et non des moindres : l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales pour les batteries de véhicules électriques. Le Kazakhstan détient une réserve considérable de lithium, cobalt et nickel. En les extrayant et en les transformant sur son sol, il ambitionne de devenir un fournisseur incontournable de l’industrie électrique mondiale.

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