Les transferts d’argents par la diaspora, un levier essentiel pour les économies nationales en Asie centrale
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Les envois de fonds des migrants sont au cœur des économies d’Asie centrale, constituant une part importante du PIB de pays comme le Tadjikistan, le Kirghizstan et l’Ouzbékistan. Ces transferts permettent à des millions de familles d’améliorer leur niveau de vie. Mais ils représentant des enjeux majeurs pour la politique et la gestion migratoire dans la région.

En Asie centrale, les pays les plus dépendants des transferts d’argent de la diaspora sont le Tadjikistan, le Kirghizstan et l’Ouzbékistan

En Asie centrale, la migration de travail joue un rôle primordial dans le soutien économique des ménages. Selon une nouvelle étude de la Banque mondiale, les transferts des travailleurs migrants ont représenté, en 2024, pour prendre le pays le plus dépendant, 45% du PIB du Tadjikistan. Cette dépendance aux fonds envoyés depuis l’étranger s’explique par la situation économique du pays, où les revenus domestiques restent limités. Les Kirghizs dépendent également de manière significative des envois de fonds, qui constituent 24% du PIB en 2024. Quant à l’Ouzbékistan, bien que sa dépendance soit moins prononcée, les transferts de fonds représentent tout de même 14% du PIB, contribuant à la réduction de la pauvreté dans le pays.

Le Tadjikistan et le Kirghizstan partagent des profils migratoires similaires, plus de 80% de leurs travailleurs se dirigeant vers la Russie pour des emplois mieux rémunérés. Ce flux migratoire massif s’explique par les écarts de revenus entre la Russie et les économies locales. Par exemple, les migrants tadjiks peuvent doubler ou tripler leurs revenus en travaillant en Russie, un facteur déterminant pour améliorer leur qualité de vie. Les données de 2024 montrent également que, sans les envois de fonds des migrants, le taux de pauvreté au Tadjikistan aurait dépassé 50%, contre moins de 10% grâce à ces transferts.

Ouzbékistan : plusieurs destinations d’émigration, mais aussi un chantier national amitieux, de quoi donner envie de retourner au pays

La situation en Ouzbékistan diffère quelque peu de celle de ses voisins. Alors que 57% des travailleurs ouzbeks continuent de choisir la Russie comme destination, 15% se tournent vers le Kazakhstan et 10% vers l’Ukraine. Cette diversification des destinations offre à l’Ouzbékistan une certaine résilience face aux fluctuations géopolitiques. Par ailleurs, en 2025, le nombre de travailleurs ouzbeks à l’étranger a diminué de 34%, une réduction marquée notamment par une baisse de 1,7 fois du nombre de travailleurs en Russie. Ce retour des migrants au pays s’accompagne d’initiatives gouvernementales telles que la construction du Nouveau Tachkent, avec des salaires offerts allant de 8 à 15 millions de soums (environ 650 à 1.200 euros), afin de stimuler l’emploi local.

L’émigration de travail, une question à double tranchant pour les pays d’Asie centrale

La gestion de ces flux migratoires reste une question cruciale pour les gouvernements d’Asie centrale. L’intégration des travailleurs migrants dans les stratégies de développement national est essentielle pour maximiser leur contribution économique, non seulement en tant qu’envoyeurs de fonds, mais aussi en tant qu’acteurs du marché du travail national. En effet, une migration bien gérée pourrait non seulement réduire les déséquilibres économiques et démographiques, mais également transformer l’« exode des cerveaux » en un « afflux de cerveaux » grâce aux retours des travailleurs qualifiés dans leurs pays d’origine, rappelle la Banque mondiale.

La coordination internationale est également cruciale pour garantir une gestion optimale des migrations. La Banque mondiale recommande, par exemple, de signer des accords bilatéraux entre les pays d’origine et de destination afin d’assurer la protection des droits des migrants. Ces accords permettent de renforcer la sécurité des travailleurs à l’étranger et de garantir le transfert de leurs droits sociaux, notamment en matière de retraite et de protection sociale.

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