Bien que l’année 2024 ait été difficile, elle a permis de poser des bases solides pour le développement futur du Kazakhstan, estime son président, Kassym-Jomart Tokaïev, dans un entretien au quotidien Ana tili.
Une année pleine de réalisations
Dans un grand entretien de début d’année au quotidien Ana tili, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a dressé un bilan de l’année écoulée pour le pays, en soulignant les nombreux progrès réalisés malgré des défis considérables. Il a évoqué la modernisation des infrastructures, avec la rénovation de réseaux d’ingénierie et la construction de 18 millions de mètres carrés de logements. Le pays a également construit ou réparé 7.000 kilomètres de routes et lancé de nouveaux terminaux aéroportuaires à Almaty, Kyzylorda et Shymkent. Les secteurs industriels, notamment l’extraction minière, la pétrochimie et la métallurgie, ont connu des avancées majeures, tandis que la part de l’industrie manufacturière a progressé. Dans le domaine agricole, un record de récolte de près de 27 millions de tonnes de céréales a été atteint, marquant une décennie de succès.
Sur le plan social, Kassym-Jomart Tokaïev a mis en avant les mesures de soutien mises en place : des augmentations de pensions, d’allocations, de bourses et de salaires pour les fonctionnaires, ainsi que des investissements dans l’éducation avec la construction de centaines de nouvelles écoles et crèches. En parallèle, le financement de la science, de la culture et des sports a été renforcé. Enfin, sur la scène internationale, malgré des tensions géopolitiques sans précédent, le Kazakhstan a consolidé son rôle de médiateur en faveur de la paix, contribuant à la stabilité économique et à la sécurité nationale.
Kassym-Jomart Tokaiev a d’ailleurs réfuté les rumeurs comme quoi il songerait à devenir le prochain secrétaire général de l’ONU. « J’ai eu l’occasion de diriger le bureau des Nations-unies à Genève pendant près de trois ans en tant que secrétaire général adjoint des Nations-unies et secrétaire général de la Conférence du désarmement. J’ai acquis une expérience utile et une compréhension des mécanismes des processus internationaux. Je pense que c’est plus que suffisant. J’ai de grands projets pour le développement du pays dans les années à venir, et j’ai l’intention de les réaliser », a -t-il déclaré.
Pas de transition vers une république parlementaire
Le président du Kazakhstan s’est dit satisfait du chemin parcouru jusqu’ici sur la voie de l’indépendance et du renouveau politique associé à « l’après-Nazarbaïev ». « Les réformes politiques fondamentales ont déjà été réalisées. Elles ont été activement débattues dans la société et, en fin de compte, soutenues par la majorité des citoyens. Le résultat de ces réformes est l’ouverture et l’efficacité des principales institutions politiques, le renforcement des contrôles et des équilibres entre les branches du gouvernement et, surtout, l’expansion et l’intensification de la participation des citoyens à la vie politique. »
Il a néanmoins fait savoir son opposition à une transition vers une république parlementaire. « Vous conviendrez que le système parlementaire des pays post-soviétiques n’a pas encore démontré qu’il était le meilleur, et les récents événements en Géorgie plaident clairement en faveur de cette conclusion. […] « Je suis convaincu que mon concept « Président fort – Parlement influent – Gouvernement responsable » est le mieux adapté au système politique du Kazakhstan. [Je suis certain que la forme présidentielle du gouvernement, aujourd’hui et dans un avenir proche, est la plus optimale pour le Kazakhstan. […] Ni moi, ni nous tous n’avons le droit de prendre une décision préjudiciable au développement stable et durable de notre État. Il n’est en aucun cas possible de se tromper », a déclaré Kassym-Jomart Tokaïev.
Interrogé au sujet du bilan de l’ère Noursoultan Nazarbaïev, Kassym-Jomart Tokaïev a estimé que son prédecesseur avait certes commis des « manquements », mais que globalement, il est venu le temps d’« apprécier les services historiques rendus par Noursoultan Nazarbaïev au Kazakhstan ». « Bien sûr, pendant les nombreuses années de pouvoir présidentiel de Noursoultan Nazarbaïev, il y a eu des manquements, mais « ne commet pas d’erreurs celui qui ne travaille pas ». […] Mais il faut maintenant faire preuve de bon sens et apprécier les services historiques rendus par Noursoultan Nazarbaïev au Kazakhstan », a déclaré Kassym-Jomart Tokaïev.
Russie : le Kazakhstan souhaite développer « un partenariat stratégique et des relations d’alliance »
Interrogé sur les relations avec la Russie, le président du Kazakhstan a redit « notre engagement ferme à développer un partenariat stratégique et des relations d’alliance avec la Russie ». « Les résultats des négociations ont fait couler beaucoup d’encre et de salive, mais beaucoup de choses sont restées dans l’ombre. Une conversation de quatre heures avec Vladimir Poutine s’est déroulée dans une atmosphère informelle. Cette communication nous a permis de renforcer notre compréhension mutuelle des questions d’actualité relatives à la coopération bilatérale et à l’agenda international. J’ai expliqué les multiples facettes de la politique étrangère du Kazakhstan et notre engagement ferme à développer un partenariat stratégique et des relations d’alliance avec la Russie. […] Les tensions sur la scène internationale affectent les relations commerciales et politiques du Kazakhstan avec certains pays, c’est pourquoi nous cherchons à minimiser l’impact négatif des tendances extérieures. Le Kazakhstan vise à établir des relations pragmatiques et mutuellement bénéfiques avec tous les États intéressés. »
Enfin, Kassym-Jomart Tokaïev a indiqué que le développement du nucléaire resterait une priorité pour le Kazakhstan même au-delà de la construction de la première centrale nucléaire dont on parle tant. « Je suis convaincu que le Kazakhstan a besoin d’une centrale nucléaire de grande capacité. Je n’exclus d’ailleurs pas que nous commencions dans un avenir proche la construction d’une deuxième, voire d’une troisième centrale nucléaire. L’industrie nucléaire donnera une forte impulsion au développement de notre économie, qui connaît déjà un déficit énergétique. Je pense que le Kazakhstan devrait devenir un pays doté d’une industrie nucléaire développée. Il a un grand avenir. »