Malgré une inflation modérée sur le papier, les perceptions des citoyens ouzbeks révèlent une réalité bien plus préoccupante. La Banque centrale d’Ouzbékistan maintient un taux directeur élevé pour maîtriser les pressions inflationnistes, tandis que les ménages dénoncent une flambée des prix des produits de première nécessité.
Ouzbékistan : une politique monétaire rigoriste pour stabiliser l’économie
La Banque Centrale d’Ouzbékistan a décidé, lors de sa réunion du 12 décembre 2024, de maintenir le taux directeur à 13,5%. Cette décision vise à contrer l’inflation qui, bien que légèrement réduite à 10% en novembre, reste influencée par des attentes inflationnistes élevées. Les responsables monétaires soulignent que cette stabilisation résulte principalement d’une baisse des prix des produits alimentaires, mais les secteurs des services et des biens non alimentaires continuent de subir des hausses.
Les pressions inflationnistes persistantes sont alimentées par une forte demande interne, soutenue par la croissance des revenus réels, due notamment à l’augmentation des transferts monétaires et des salaires. Cette dynamique stimule le PIB, qui devrait croître de 6 à 6,5% en 2024. Cependant, la Banque Centrale reste vigilante et n’exclut pas une hausse du taux directeur si l’économie devait subir de nouvelles pressions. Elle préconise un équilibre strict entre l’offre et la demande pour atteindre son objectif d’une inflation réduite à 5 % à moyen terme.
La perception de l’inflation : une réalité contrastée pour les citoyens
Alors que les chiffres officiels indiquent un ralentissement de l’inflation, les citoyens ouzbeks ressentent une hausse marquée des prix, atteignant en novembre 14,1%, un pic sur 15 mois. Ce décalage entre l’inflation officielle et ressentie reflète une augmentation notable des coûts des biens essentiels. Près de la moitié des répondants aux enquêtes ont signalé des hausses significatives des prix de la viande et des produits laitiers, tandis que les prix du carburant et des énergies ont vu leur perception de hausse croître respectivement de 42% et 39%.
Cette situation varie également selon les régions et les niveaux de revenus. Les habitants de Tachkent, par exemple, rapportent une inflation perçue à 18%, contre une moyenne nationale de 14 %. Par ailleurs, les ménages aux revenus plus élevés ressentent davantage l’inflation, avec une augmentation de 17,8 % pour les foyers gagnant plus de 15 millions de soums, alors que ceux à revenus modestes ont signalé une pression moindre.
En résumé, malgré des politiques monétaires restrictives visant à stabiliser l’inflation officielle, l’impact sur les ménages révèle des défis persistants pour garantir le pouvoir d’achat et contenir les attentes inflationnistes.