À partir du 1er janvier 2025, les automobilistes kirghiz devront payer un supplément de 1 som par litre de carburant. Ce prélèvement, bien qu’annoncé comme modéré, suscite des débats sur son impact économique, son caractère équitable et son impact sur les infrastructures routières.
Une augmentation progressive des taxes pour les automobilistes
Dès début 2025, une nouvelle taxe d’un som par litre s’ajoutera aux prix actuels des carburants au Kirghizstan. Selon le ministère des Transports de ce pays, cette mesure vise à financer l’entretien des routes via le Fonds routier national. À titre indicatif, le prix actuel de l’essence la plus consommée, l’AI-92, est de 67,1 soms le litre. Bien que l’augmentation soit jugée symbolique, elle pourrait tout de même générer des revenus significatifs : le pays consomme environ 1,4 million de tonnes de carburant par an, soit plus de 4 milliards de soms supplémentaires pour l’État.
Cependant, cette nouvelle mesure suscite des critiques parmi les élus et la société civile. Dastan Bekeshev, le seul député à s’être opposé à cette taxe, estime qu’elle alourdit encore les charges pesant sur les automobilistes. Ceux-ci paient déjà diverses taxes et assurances, rendant ce quatrième prélèvement discutable, a-t-il fait valoir. Certains députés, comme Eldar Abakirov, dénoncent également le caractère redondant de cette mesure, la comparant à un double prélèvement sur les carburants, déjà soumis à une taxe d’accise. Ils craignent que cette tendance ouvre la voie à de nouvelles taxes similaires, contribuant à une complexité fiscale croissante.
Des impacts attendus sur l’économie et les infrastructures
Si le gouvernement défend cette initiative en soulignant qu’elle est essentielle pour moderniser les infrastructures routières, ses effets secondaires inquiètent les économistes. Le président de l’Association des pétroliers, Kanat Eshatov, avertit que cette hausse se répercutera sur les coûts dans d’autres secteurs, amplifiant potentiellement l’inflation. Les prix des biens de consommation, souvent transportés par voie routière, pourraient augmenter, accentuant les tensions sociales. Un document accompagnant le projet de loi reconnaît ce risque, bien que des efforts aient été faits pour expliquer la mesure à la population.
Malgré ces critiques, les autorités sont optimistes. Nurlanbek Shakiev, le président du parlement kirghiz, a récemment assuré que ces revenus financeraient des projets ambitieux. Dès 2027, toutes les routes desservant villages et pâturages seront modernisées grâce au Fonds routier, évitant ainsi de mobiliser des fonds publics supplémentaires. Cette perspective s’inscrit dans une volonté plus large de désengorger les grandes villes comme Bichkek et d’améliorer les connexions rurales, où 20.000 kilomètres de routes sont actuellement gérés par le ministère des Transports.
Cependant, cette ambition soulève des questions sur l’équité et la soutenabilité de telles mesures. Si le gouvernement affirme que la taxe restera stable, l’évolution des prix du carburant reste incertaine et pourrait affecter davantage les ménages modestes. Ainsi, tandis que le gouvernement mise sur une amélioration à long terme des infrastructures, les automobilistes, eux, devront s’adapter à cette taxe supplémentaire dès janvier 2025.
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