Le Kazakhstan, riche en ressources fossiles, s’engage dans une transition énergétique ambitieuse. Alors que la part du charbon dans la production d’électricité reste dominante, le pays accélère ses investissements dans les énergies renouvelables, tout en planifiant une modernisation de son infrastructure énergétique pour répondre aux défis climatiques et économiques.
Un avenir encore fortement lié au charbon
Le Kazakhstan figure parmi les dix premiers pays au monde pour ses réserves de charbon, estimées à environ 33,6 milliards de tonnes. Actuellement, environ 70% de l’électricité y est produite à partir de cette ressource. Malgré les ambitions affichées de réduire cette dépendance, le charbon reste au cœur de la stratégie énergétique à moyen terme. D’ici 2035, le pays prévoit de créer jusqu’à 5 GW de nouvelles capacités basées sur cette énergie. Parmi les projets en cours figurent la construction de centrales à charbon à Kokshetau, Semeï et Öskemen, avec un financement conjoint de sociétés kazakhes et russes. Ces infrastructures intégreront des technologies avancées pour limiter les émissions polluantes, bien que leur impact environnemental reste préoccupant.
Parallèlement, la demande en charbon pourrait croître pour alimenter non seulement les nouvelles centrales, mais aussi des projets dans le secteur de la chimie du charbon. Ces initiatives, qui incluent la production de méthanol et d’ammoniac, pourraient ajouter jusqu’à 10 millions de tonnes à la consommation annuelle de charbon. Les autorités voient dans ces projets une opportunité économique, tout en réduisant les émissions grâce à l’utilisation de gaz de synthèse, une alternative plus propre aux méthodes conventionnelles de combustion.
Une modernisation nécessaire des infrastructures vieillissantes
Le réseau énergétique kazakh souffre d’un vieillissement critique : les centrales thermiques ont en moyenne 61 ans, et plus des deux tiers des équipements accusent un taux d’usure dépassant 50%. Pour pallier cette situation, le gouvernement prévoit un audit des installations existantes et la modernisation des centrales les plus vétustes. D’ici 2025, un calendrier précis pour la mise hors service des unités ayant dépassé 30 ans d’exploitation sera établi. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec la Banque asiatique de développement, qui soutient la transition énergétique du Kazakhstan en finançant le retrait anticipé des centrales à charbon obsolètes. L’objectif est non seulement d’améliorer l’efficacité énergétique, mais aussi de réduire fortement les émissions de CO₂.
Vers une réduction progressive de la part du charbon
L’un des principaux axes de la politique énergétique kazakhe est de réduire la dépendance au charbon dans le mix énergétique. À l’horizon 2035, la part du charbon dans la production électrique devrait chuter à 34%, contre 70% actuellement. Ce basculement sera rendu possible grâce à l’augmentation des capacités des énergies renouvelables (EnR) et des centrales à gaz. Des investissements massifs sont prévus pour atteindre une production de 12 GW à partir des EnR d’ici 2035, avec une montée en puissance de l’énergie éolienne et solaire. Parallèlement, le gouvernement travaille à l’amélioration de l’efficacité des centrales hydroélectriques existantes et à l’intégration de nouvelles capacités de production de gaz.
Cependant, cette transition énergétique rencontre des défis majeurs. Les investissements nécessaires pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2060 sont estimés à 650 milliards de dollars, dont près de 305 milliards pour le secteur de l’électricité et du chauffage. De plus, le pays doit gérer un équilibre délicat entre le développement des EnR et le maintien d’une sécurité énergétique, particulièrement dans un contexte de demande croissante.
Énergies renouvelables : le Kazakhstan s’est fixé des objectifs ambitieux
Depuis 2010, le Kazakhstan s’est engagé dans le développement des énergies renouvelables, avec une part des EnR atteignant environ 6 % en 2023. Le pays prévoit d’augmenter cette part à 15% d’ici 2030, puis à 50% d’ici 2050. La stratégie repose sur un plan d’appel d’offres pour de nouveaux projets EnR, incluant des parcs éoliens, des centrales solaires et de petites installations hydroélectriques. Des incitations financières pour les ménages et les entreprises souhaitant adopter des solutions énergétiques autonomes, telles que les pompes à chaleur et les microcentrales, complètent ce dispositif.
En parallèle, des partenariats avec des institutions internationales comme la Banque asiatique de développement permettent d’accélérer cette transition. Par exemple, des projets pilotes de conversion des centrales à charbon en unités à faible émission de carbone sont en cours, notamment à travers l’utilisation de technologies de captage et de stockage du carbone. Ces efforts visent également à répondre aux objectifs climatiques fixés dans le cadre de l’Accord de Paris, dont le Kazakhstan est signataire, avec l’ambition de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 15% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2021.
Malgré les progrès réalisés, le Kazakhstan reste confronté à des choix difficiles pour concilier son développement économique et ses engagements climatiques. La modernisation de ses infrastructures énergétiques, la montée en puissance des EnR et la gestion des impacts sociaux de la transition seront autant de défis à relever dans les décennies à venir.