Coïncidence ou pas, à deux jours d’intervalle, le Kirghizstan a adopté des mesures opposées concernant les cigarettes électroniques : interdiction stricte de leur utilisation sur le territoire national, tout en permettant leur production dans une zone économique spéciale pour éviter une fuite des investissements.
Interdiction stricte de l’utilisation des cigarettes électroniques
Le 22 novembre 2024, le président kirghiz, Sadyr Japarov, a promulgué une loi visant à interdire l’utilisation des cigarettes électroniques dans le pays à partir du 1ᵉʳ juillet 2025. Cette mesure inclut les appareils chauffants pour tabac et s’inscrit dans un effort de santé publique visant à protéger les citoyens des effets nocifs de ces produits. L’interdiction couvre leur importation, leur vente et leur consommation.
Les sanctions sont sévères : une amende de 10.000 soms pour les particuliers fumant ces produits et jusqu’à 65.000 soms pour les entreprises les commercialisant. Les infractions graves, comme l’importation illégale à grande échelle, peuvent entraîner des peines de travaux correctionnels ou de prison, avec des amendes pouvant atteindre 200.000 soms. Selon les députés ayant porté cette initiative, l’objectif principal est de freiner l’accès des jeunes à ces produits, souvent responsables de problèmes de santé et de dépendance.
Cigarettes électroniques : leur production sera autorisée dans une zone économique spéciale
Paradoxalement, alors que le pays interdit largement l’utilisation des cigarettes électroniques, leur production sera autorisée dans la zone économique spéciale de Bichkek. Une récente modification législative adoptée par le parlement permet aux entreprises locales de continuer à produire ces produits, qui contribuaient significativement au budget national avant la mise en place d’un moratoire. Ces entreprises ne pourront cependant pas commercialiser leur production sur le marché kirghiz, celle-ci étant destinée exclusivement à l’exportation.
Cette décision vise à éviter la fuite des investissements, les pays voisins autorisant souvent ce type de production. Toutefois, elle a suscité des débats. Certains députés, comme Dastan Bekeshev, ont exprimé leurs inquiétudes sur la capacité du gouvernement à contrôler efficacement la distribution des produits. Ils estiment également que permettre cette production crée une incohérence avec l’objectif affiché de santé publique. Malgré ces objections, les amendements ont été adoptés pour encourager les entreprises à maintenir leurs activités au Kirghizstan.
En Asie centrale, la cigarette électronique n’est pas la bienvenue
Ailleurs en Asie centrale, la cigarette électronique n’est pas en odeur de sainteté non plus : les différents gouvernements cherchent à réguler voire interdire leur usage en raison de préoccupations liées à la santé publique et à l’impact sur les jeunes.
Depuis juin 2024, le Kazakhstan applique des restrictions sévères sur la vente, la distribution et l’importation des cigarettes électroniques, des systèmes de vapotage, ainsi que des liquides et arômes associés. Ces pratiques sont désormais considérées comme des infractions pénales. Les contrevenants risquent de fortes amendes, des travaux d’intérêt général, voire des peines d’emprisonnement, particulièrement pour les infractions répétées ou organisées. Le gouvernement a justifié ces restrictions par la volonté de protéger la population, notamment les enfants, contre les effets potentiellement nocifs du vapotage, qui s’était largement démocratisé dans les quartiers résidentiels.
L’Ouzbékistan envisage également un durcissement de sa législation. Un projet de loi proposé par le ministère de la Santé prévoit l’interdiction totale de l’importation, de la production et de la vente des cigarettes électroniques et des systèmes de chauffage du tabac. Ce durcissement législatif est motivé par une augmentation significative de l’usage de ces produits chez les jeunes, ce qui alimente les inquiétudes concernant une potentielle hausse de la dépendance à la nicotine. Le projet propose des sanctions sévères, allant des amendes à des peines de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans pour les violations graves.
Au Turkménistan, les autorités ont brusquement mis fin à la vente des cigarettes électroniques en juin 2023, bien que cette interdiction n’ait pas été formalisée par un décret officiel. Ces dispositifs, auparavant accessibles dans des boutiques et même dans les écoles, ont soudainement disparu du marché, vraisemblablement sur ordre des autorités. Malgré cette interdiction, des ventes clandestines subsistent dans certains magasins privés, souvent liés à des proches du pouvoir. Cette mesure reflète une tendance régionale où les gouvernements cherchent à endiguer l’usage croissant de ces produits parmi les jeunes, attirés par les goûts fruités et le manque d’odeurs persistantes.
En somme, les pays d’Asie centrale convergent vers des politiques strictes contre les cigarettes électroniques, invoquant la protection des jeunes et la promotion d’une vie saine. Ces interdictions témoignent d’une préoccupation croissante face à l’émergence de nouvelles formes de dépendance, même si leur mise en œuvre reste parfois inégale.