Dans un article publié dans The Diplomat, Eric Rudenshiold explore les perspectives du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pour les relations entre les États-Unis et l’Asie centrale. Avec une stratégie centrée sur l’énergie et les minéraux stratégiques, le nouvel agenda pourrait renforcer l’indépendance économique de la région tout en stimulant les intérêts commerciaux américains.
Un intérêt renouvelé pour une région stratégique
Les cinq pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan) ne seront pas la priorité absolue de l’administration Trump, mais ils bénéficieront d’une attention particulière, estime Eric Rudenshiold, chercheur principal au Caspian Policy Center, ancien directeur du Conseil de sécurité nationale des États-Unis pour l’Asie centrale et auteur de l’actuelle stratégie de sécurité nationale des États-Unis pour l’Asie centrale. La première administration Trump avait mis en place une stratégie de sécurité nationale (2019-2025) pour la région, qui reste pertinente aujourd’hui. Cette stratégie visait à réduire la dépendance de ces pays envers la Russie et la Chine tout en favorisant les investissements américains.
Depuis son dernier mandat, la région s’est davantage connectée à l’Europe, s’éloignant de ses voisins dominants. Ce développement aligne parfaitement les intérêts de l’administration Trump, notamment dans des secteurs stratégiques comme l’énergie et les minéraux rares.
L’énergie, un pilier essentiel
L’Asie centrale, riche en pétrole et en gaz, joue un rôle clé dans la transition énergétique européenne. Les efforts pour réduire la dépendance de l’Europe au gaz russe offrent une opportunité unique. Kazakhstan, par exemple, s’efforce de diversifier ses exportations énergétiques après des tensions avec Moscou liées à la guerre en Ukraine. Des projets comme le pipeline transcaspien, initialement soutenus par l’administration Trump, pourraient revenir à l’ordre du jour pour connecter le gaz turkmène à l’Europe.
Ces initiatives non seulement soutiendraient l’économie locale mais aideraient aussi à stabiliser les prix mondiaux de l’énergie. Des partenariats avec la Corporation américaine de financement du développement (DFC), mise en place par Trump, pourraient mobiliser des fonds privés pour des projets d’infrastructure essentiels.
Les minéraux stratégiques, un trésor sous-exploité
Eric Rudenshiold souligne également l’importance des minéraux rares pour les industries américaines. L’Asie centrale possède des réserves importantes de manganèse, de chrome, de titane, et d’autres matériaux essentiels pour la défense et la transition énergétique. Avec une volonté accrue de réduire la dépendance américaine envers la Chine, l’administration Trump pourrait intensifier les investissements dans ce domaine.
Le potentiel d’un partenariat avec l’Asie centrale dans l’exploitation des ressources rares est immense, non seulement pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement américaines, mais aussi pour contrer l’influence de la Chine et de la Russie dans cette région riche en ressources.
Vers une connectivité accrue
e développement du « corridor central », une route commerciale transrégionale passant par la mer Caspienne, est un autre aspect prometteur. Ce réseau croissant améliore l’accès de l’Asie centrale aux marchés mondiaux, offrant une nouvelle dynamique de coopération avec les États-Unis. Des missions commerciales comme celles menées par Wilbur Ross en 2018 pourraient être relancées pour consolider les liens économiques.
Eric Rudenshiold conclut que les opportunités sont multiples pour l’administration Trump. Grâce à une approche transactionnelle et axée sur les affaires, les États-Unis pourraient renforcer leur présence en Asie centrale tout en soutenant les aspirations économiques et stratégiques de la région.