Des milliers de citoyens turkmènes vivant en Turquie se retrouvent dans une impasse juridique et sociale, incapables de renouveler leurs passeports auprès des consulats. Entre répression politique et obstacles bureaucratiques, ce refus limite leur liberté de mouvement et compromet leurs droits fondamentaux, déplore l’ONG Human Rights Watch.
Une répression transnationale privant les droits fondamentaux
Depuis plusieurs années, les autorités turkmènes refusent de renouveler les passeports de leurs citoyens vivant à l’étranger via leurs missions diplomatiques. Cette politique, dénoncée par Human Rights Watch et la Fondation Helsinki pour les Droits de l’Homme au Turkménistan, plonge les migrants dans une précarité profonde. En Turquie, où résident des milliers de travailleurs turkmènes, l’absence de documents valides les empêche de régulariser leur séjour, d’accéder à des soins médicaux ou d’inscrire leurs enfants à l’école. Pire, ceux qui osent dénoncer cette politique risquent des représailles sévères s’ils rentrent au Turkménistan : emprisonnement, torture, ou interdiction de voyager à nouveau.
Les témoignages de migrants illustrent ces réalités. Djeren D., par exemple, a tenté plus de vingt fois de renouveler son passeport depuis 2010 auprès du consulat turkmène à Istanbul. À chaque tentative, elle a fait face à des refus non justifiés, des menaces ou des humiliations. Pour d’autres, comme Govher G., la crainte de ne jamais pouvoir repartir après un retour forcé au Turkménistan les dissuade d’y retourner, même pour résoudre leurs problèmes administratifs.
Une pression qui entrave la liberté de mouvement et les droits humains
Au-delà de l’aspect bureaucratique, ce refus s’inscrit dans une stratégie de répression transnationale. Les autorités turkmènes utilisent le non-renouvellement des passeports pour forcer leurs citoyens à rentrer, où ils sont ensuite soumis à des restrictions encore plus sévères. Des activistes ayant protesté devant des consulats turkmènes en Turquie racontent des intimidations subies à Istanbul, mais aussi des représailles dirigées contre leurs familles restées au pays.
Le refus de délivrer d’autres documents essentiels, tels que des certificats de naissance pour les enfants nés en Turquie, aggrave la situation. Sans ces papiers, ces enfants sont exclus des systèmes éducatif et sanitaire turcs. La situation expose également les adultes à des abus au travail, sans protection juridique ni accès à l’assurance santé. Ces entraves violent les obligations internationales du Turkménistan, notamment celles liées au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit la liberté de mouvement et l’accès aux documents d’identité.
Face à cette crise, Human Rights Watch appelle les autorités turkmènes à respecter leurs engagements internationaux en rendant les services consulaires accessibles et équitables. Parallèlement, elle exhorte les pays comme la Turquie à ne pas renvoyer les migrants vers un régime répressif et à leur garantir des droits fondamentaux, même sans passeport valide.