Une conférence ministérielle s’est tenue à Achgabat, la capitale du Turkménistan, pour discuter de l’éradication de l’apatridie en Asie centrale, réunissant des délégués de plusieurs pays et organisations internationales. La réduction significative de l’apatridie, notamment les réalisations du Turkménistan et le lancement de l’Alliance mondiale pour y mettre fin, ont été au cœur des discussions.
Le Turkménistan, pionnier en matière de réduction de l’apatridie
Le 8 novembre 2024, le Turkménistan a accueilli une conférence régionale du Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés, mettant en avant ses réalisations significatives dans la réduction de l’apatridie. Depuis son adhésion à la Convention sur la réduction de l’apatridie, le pays a mené à bien l’initiative #IBELONG et a intégré plus de 32.000 personnes sans citoyenneté. Un plan d’action national (2019-2024) a été mis en place, aboutissant à la naturalisation massive et à la prévention future de l’apatridie. Le chef de la Service nationale de migration du Turkménistan a souligné l’importance du respect des droits humains et de la mise en œuvre de réformes législatives.
Ces avancées ont été reconnues à l’échelle internationale, comme l’a noté Ruvendri Menikdivela, représentante de l’UNHCR, qui a salué les efforts constants du Turkménistan pour garantir l’égalité et la protection de tous les résidents. L’événement a mis en évidence les démarches coopératives entre le Turkménistan, l’ONU et d’autres organismes pour renforcer les droits des apatrides et bénéficier de leurs compétences au sein de la société.
L’Ouzbékistan, « leader » parmi les pays d’Asie centrale pour le nombre d’apatrides
Malgré les progrès significatifs réalisés par des pays comme le Turkménistan et le Kirghizstan, l’apatridie reste une réalité dans la région. En Ouzbékistan, plus de 22.400 personnes vivent encore sans citoyenneté, un chiffre qui place le pays au premier rang des états d’Asie centrale confrontés à ce problème. Le Kazakhstan, quant à lui, compte environ 7.400 apatrides. Depuis 2014, la région a cependant réussi à réduire de sept fois le nombre total de personnes sans citoyenneté, passant de 252.200 à 34.200 en 2024.
Les représentants de l’ONU ont souligné les conséquences de l’apatridie : privation d’accès à l’éducation, au marché de l’emploi et aux soins médicaux. Cette marginalisation empêche les apatrides de participer pleinement à la vie sociale et économique de leur pays d’accueil, renforçant ainsi un cycle de vulnérabilité.
Initiatives internationales et perspectives futures
La conférence a également mis en lumière le rôle de l’Alliance mondiale pour l’élimination de l’apatridie, lancée en octobre 2024 par le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. Cette initiative vise à renforcer la campagne #IBELONG et à poursuivre les avancées vers la fin de l’apatridie. Un comité consultatif composé de 15 membres, incluant des représentants d’États, d’agences onusiennes et d’ONG, s’assurera de la mise en œuvre des actions nécessaires. Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, en tant que secrétariat, coordonnera ces efforts en mobilisant les ressources et en plaidant pour des réformes.
Le succès de l’initiative #IBELONG, qui a permis de réformer des lois discriminatoires et d’élargir l’accès aux actes de naissance, est un témoignage que des progrès tangibles sont possibles. L’abolition de la discrimination de genre dans les lois sur la nationalité au Libéria et au Sénégal permet désormais aux femmes de transmettre leur nationalité à leurs enfants, renforçant ainsi la justice et l’égalité pour les générations futures.
Le problème de l’apatridie est encore loin d’être résolu
Malgré ces succès, des obstacles demeurent. La mise en œuvre locale des plans nationaux reste souvent difficile. En Afrique de l’Ouest, par exemple, près d’un million de personnes restent apatrides, exacerbé par les conflits et les contraintes légales. Des efforts continus et une collaboration soutenue entre gouvernements et société civile sont cruciaux pour garantir l’accès universel à la nationalité.
Le chemin vers un monde sans apatridie est semé d’embûches, mais les actions collectives de pays comme le Turkménistan montrent qu’avec de la volonté et un engagement international, il est possible de surmonter ce défi. Le nouveau cadre mondial offre une lueur d’espoir, rappelant que chaque individu privé de citoyenneté représente une atteinte aux droits humains fondamentaux.