Le musée Guimet, à Paris, présente « Kazakhstan, Trésors de la Grande Steppe », une exposition exceptionnelle retraçant plus de cinq millénaires d’histoire. Trente-cinq chefs-d’œuvre clés, prêtés par les plus grands musées kazakhs, illustrent le développement des civilisations des steppes eurasiatiques, dans une scénographie immersive et poétique qui transporte le visiteur au cœur de paysages majestueux.
L’éveil des civilisations : du « Penseur de Tobyl » à l’« Homme d’or »
Ce sont 35 chefs-d’œuvre que le Musée national du Kazakhstan a prêté au musée Guimet, à Paris, pour son exposition sur l’histoire et la culture cinq fois millénaire du Kazakhstan. Le tout, dans une scénographie immersive et poétique pour mieux appréhender l’imaginaire du peuple des steppes à travers les siècles.
La culture de Botai, apparue vers le 4e millénaire avant notre ère, marque un tournant essentiel avec la domestication du cheval. Cette innovation, véritable fondement des civilisations des steppes, est illustrée par la fascinante statuette du « Penseur de Tobyl », découverte près de Qostanaï. Cet objet représente une figure humaine observant le ciel, témoignant de la réflexion spirituelle et philosophique des premiers nomades.
Durant le 1er millénaire avant notre ère, l’émergence des tribus scythes dans les steppes eurasiennes donne naissance à des proto-États marqués par l’art et la culture. L’« Homme d’or », découvert à Issyk près d’Almaty, incarne cet essor. Orné d’une parure d’or raffinée et d’éléments en style animalier, il révèle la maîtrise exceptionnelle de l’orfèvrerie de l’époque et la riche spiritualité des civilisations nomades.
L’héritage des peuples turciques et l’art islamique
Avec l’établissement du premier khaganat turcique au 6e siècle, les steppes se transforment en un carrefour culturel dynamique. Les balbal, stèles funéraires mégalithiques aux traits schématisés, symbolisent l’époque médiévale et l’influence turcique sur le Kazakhstan. Ces sculptures rappellent la symbiose entre le mode de vie nomade et les cités prospères comme Otrar, patrie du savant Abu Nasr al-Farabi.
La période timouride voit l’épanouissement de l’art islamique. Le mausolée de Khoja Ahmet Yasawi, construit par Tamerlan à Turkistan, est un témoignage impressionnant de cette époque. Ses chandeliers en métal, incrustés d’or et d’argent, illustrent le raffinement des arts décoratifs timourides, marquant l’âge d’or des échanges culturels sur la Route de la soie.
L’émergence du khanat kazakh et ses figures emblématiques
Fondé au 15e siècle par Kerei Khan et Janibek Khan, le khanat kazakh représente un jalon décisif dans la formation de l’identité nationale. Cette entité politique, succédant à la Horde d’Or, incarne la continuité des alliances culturelles et économiques. L’époque du khanat est évoquée par le chapan de Kazybek biy Keldibekuly, un éminent diplomate du 17e siècle. Cette tenue symbolise le rôle central des juges élus dans l’administration et le maintien de la cohésion sociale.
Cette exposition offre une plongée immersive dans un passé millénaire et des récits d’aventures humaines qui ont façonné la région, entre grandeur et traditions, portés par les vents de la grande steppe.