Dès le 1er janvier 2025, L’Ouzbékistan interdira la détention et l’utilisation d’animaux sauvages pour des représentations dans les cirques publics et itinérants. Cette mesure vise à modifier en profondeur la pratique du cirque et à protéger la faune, tout en réduisant les coûts élevés de leur entretien. Retour sur les enjeux et les conséquences de cette décision.
Le cirque en Ouzbékistan : vers une transformation du modèle
Avec l’adoption de l’arrêté « Sur les mesures pour améliorer la gestion des animaux sauvages », le gouvernement ouzbek a défini un cadre réglementaire strict concernant la présence d’animaux sauvages dans des espaces non naturels. Le texte interdit aux particuliers de détenir certains animaux en semi-liberté ou en captivé. Par ailleurs, les cirques, qu’ils soient fixes ou itinérants, ne pourront plus utiliser ces animaux dans leurs spectacles.
Les animaux sauvages, jusqu’ici présents dans des numéros de cirque, pourront être remis à des zoos ou des refuges reconnus. Ces structures devront être agréées par le ministère de l’Écologie, garantissant un cadre de vie plus adapté aux besoins de ces espèces. Si les animaux sont autochtones, ils pourront être relâchés dans leur habitat naturel ; sinon, ils seront exportés vers des lieux plus appropriés. Cette réforme résulte d’une prise de conscience éthique et économique : le coût de la maintenance des animaux est extrêmement élevé, souvent supérieur à celui de l’entretien d’un employé, comme l’a souligné le ministre de la Culture, Ozodbek Nazarbekov.
Un impact économique et culturel
La décision de limiter les activités animalières dans les cirques s’inscrit dans un contexte de difficultés financières pour ces institutions. Ozodbek Nazarbekov a précisé lors d’une conférence de presse que même avec un calendrier de représentations intensives (jusqu’à dix spectacles quotidiens), les recettes ne suffisent pas à couvrir les dépenses liées à la nourriture, les soins et la sécurité des animaux. Le ministre a mis en avant l’urgence de privatiser le « Cirque ouzbek » pour en assurer la viabilité et offrir des représentations innovantes, débarrassées de l’utilisation d’animaux.
Parallèlement, le développement d’infrastructures prévues en 2019, telles que des bâtiments et des zones d’entraînement pour le maintien d’animaux, soulève des questions quant à leur avenir. Alors que des fonds publics avaient été alloués à l’achat d’espèces exotiques, ces investissements se voient remis en cause par le nouveau régime de restrictions. L’objectif est clair : repenser le modèle traditionnel pour un cirque sans animaux, focalisé sur les acrobaties humaines, la magie et d’autres formes de divertissement.
Cette transition pourrait transformer l’image du cirque en Ouzbékistan, en harmonisant les valeurs de protection animale et les exigences économiques, tout en stimulant la création de spectacles modernes.
L’interdiction d’animaux dans les cirques, une pratique courante dans les pays développés
Il faut dire que de nombreux pays à travers le monde ont adopté des législations interdisant ou restreignant l’utilisation d’animaux sauvages dans les cirques, reflétant une prise de conscience croissante concernant le bien-être animal. En Europe, des pays comme l’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la Finlande, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie et le Royaume-Uni ont mis en place des interdictions totales sur l’utilisation d’animaux sauvages dans les cirques. Par exemple, la France a adopté en 2021 une loi interdisant progressivement la détention et l’exploitation d’animaux sauvages dans les cirques itinérants d’ici 2028.
En dehors de l’Europe, des pays comme le Mexique, le Pérou, la Colombie, le Costa Rica, le Paraguay, le Salvador, le Guatemala, Israël, Singapour et Taïwan ont également instauré des interdictions similaires. Aux États-Unis, bien que le gouvernement fédéral n’ait pas encore légiféré sur cette question, plusieurs États et municipalités ont adopté des restrictions ou des interdictions concernant l’utilisation d’animaux sauvages dans les cirques. Cette tendance mondiale reflète une évolution des mentalités et une sensibilité accrue au bien-être des animaux, poussant de nombreux gouvernements à revoir leurs législations pour mieux protéger les animaux utilisés dans les spectacles itinérants.