Le gouvernement kirghiz a récemment pris la décision controversée de retirer les Talibans de la liste des organisations interdites dans le pays. Cette décision a attiré l’attention de la communauté internationale et a suscité des réactions variées, notamment de la Russie, qui suit cette évolution avec intérêt. La mesure marque un changement significatif dans la politique étrangère de Bichkek.
La reconnaissance des Talibans en tant que force politique légitime, un changement politique significatif
Le 7 septembre 2024, les autorités kirghizes ont confirmé que le mouvement taliban ne figure plus sur la liste des organisations terroristes interdites au Kirghizstan. Cette liste, créée pour protéger le pays contre les menaces terroristes, inclut normalement des groupes jugés dangereux pour la sécurité nationale. Cependant, le Kirghizstan a justifié sa décision en affirmant qu’il s’agissait d’une révision nécessaire en réponse aux changements géopolitiques récents. Selon une déclaration officielle du ministère des Affaires étrangères, « les Talibans ne sont plus considérés comme une menace directe pour le Kirghizstan ». Cette déclaration s’inscrit dans le cadre d’une tendance plus large en Asie centrale, où les relations avec le régime taliban d’Afghanistan évoluent rapidement depuis que les Talibans ont repris le pouvoir en 2021.
Par ailleurs, cette décision intervient alors que les Talibans, bien que toujours considérés comme une organisation terroriste par certains pays, ont cherché à renforcer leurs relations diplomatiques avec leurs voisins. Le retrait du groupe de cette liste semble être une reconnaissance tacite de la réalité politique en Afghanistan. La mesure vise à « adapter les relations internationales à la nouvelle configuration régionale ».
Des réactions variées à travers le monde
La décision du Kirghizstan a bien sûr été scrutée par les grandes puissances, dont la Russie. Le porte-parole du Kremlin a indiqué que la Russie « comprend et respecte » la décision kirghize, tout en soulignant que cette mesure est avant tout une affaire interne. Le Kremlin considère cette décision comme une « mesure pragmatique » de la part de Bichkek, a indiqué le porte-parole de Vladimir Poutine.
Toutefois, ce changement ne fait pas l’unanimité au sein de la société kirghize. Certains experts et citoyens craignent que cela n’entraîne des risques de radicalisation, d’autant plus que le Kirghizstan partage une longue frontière avec l’Afghanistan. La décision a été perçue par certains comme une tentative risquée de maintenir la stabilité régionale, notamment dans un contexte de tensions croissantes liées aux mouvements islamistes en Asie centrale.