Lors d’une rencontre avec des entrepreneurs ouzbeks le 20 août 2024, Shavkat Mirziyoyev, le président de l’Ouzbékistan, a réaffirmé son intention de voir le pays adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), évoquant « un choix réfléchi et clairvoyant ».
L’Ouzbékistan revendique une politique industrielle et commerciale axée sur l’exportation
L’Ouzbékistan poursuit depuis 1994 son processus d’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), un parcours semé d’embûches. Bien que ce cheminement ait été ralenti par des politiques protectionnistes, le pays est désormais en pleine accélération de ses efforts pour rejoindre cette organisation, vue comme un levier crucial pour son développement économique futur.
« Auparavant, notre économie avait besoin de mécénat dans une certaine mesure. Si nous continuons sur cette voie, nos possibilités seront limitées », a déclaré Shavkat Mirziyoyev devant un parterre d’entrepreneurs ouzbeks le 20 août 2024. « L’adhésion à cette organisation est un choix réfléchi et clairvoyant et fait partie intégrante de nos réformes. Cependant, certains ont des doutes, d’autres craignent que les entreprises ne soient pas en mesure de résister et que les importations submergent le marché. Nous devons nous rendre compte que les droits à l’importation sont efficaces. C’est pourquoi nous négocions avec les membres de l’organisation. Notre avenir, c’est un environnement concurrentiel équitable et une politique industrielle et commerciale axée sur l’exportation », a poursuivi le chef de l’État.
En avril 2023, Shavkat Mirziyoyev avait déclaré que l’adhésion à l’OMC offrirait des possibilités encore plus grandes d’accroître les exportations de produits finis. « C’est pourquoi l’Ouzbékistan a relancé le processus d’adhésion à cette structure internationale en 2019 et a fait des pas confiants dans cette direction au cours de la période écoulée », faisait-il savoir à l’époque.
L’adhésion à l’OMC, un processus long et complexe, marqué par le protectionnisme
L’Ouzbékistan a initialement déposé sa candidature à l’OMC en 1994. Cependant, les négociations ont rapidement pris un tournant difficile en raison des politiques économiques mises en place dans le pays. En effet, suite à la chute des prix des principales exportations ouzbèkes sur le marché mondial dans les années 1990, le gouvernement a opté pour une politique protectionniste. Ce choix a conduit à une réduction significative des importations via des contrôles stricts des devises et à l’instauration de barrières douanières élevées.
Cette tendance s’est renforcée après la crise économique asiatique de 1998, renforçant les mesures protectionnistes. L’Ouzbékistan a également vu ses relations avec les institutions financières internationales se refroidir, notamment après la violente répression de manifestants à Andijan en 2005. Ce climat politique et économique a quasiment mis en pause les négociations avec l’OMC, avec un dernier véritable échange entre les deux parties en 2005, avant une longue période d’inactivité.
Il a fallu attendre l’élection du président Shavkat Mirziyoyev en 2016 pour voir un renouveau dans les ambitions ouzbèkes. Ce dernier a initié une série de réformes visant à libéraliser le commerce et à moderniser le régime commercial national. C’est dans ce contexte que les discussions avec l’OMC ont repris de manière formelle en 2018, marquant ainsi le retour de l’Ouzbékistan à la table des négociations. Depuis, plusieurs réunions du groupe de travail ont eu lieu, témoignant des efforts continus du pays pour répondre aux exigences de l’OMC.
L’Ouzbékistan sera obligé de réduire ses droits de douane et d’éliminer les quotas sur les importations
L’adhésion à l’OMC représente à la fois une opportunité et un défi de taille pour l’Ouzbékistan. D’une part, devenir membre de cette organisation mondiale signifie pour le pays un engagement envers un système commercial ouvert et intégré, basé sur des règles précises. Cela enverrait un signal fort à ses partenaires commerciaux et aux investisseurs étrangers quant à la volonté de l’Ouzbékistan de s’ouvrir davantage à l’économie mondiale, favorisant ainsi les investissements étrangers et le transfert de technologies.
Cependant, l’adhésion à l’OMC ne se fait pas sans concessions. L’une des principales obligations pour l’Ouzbékistan serait de réduire ses droits de douane et d’éliminer les quotas sur les importations, ce qui pourrait à court terme nuire à certains secteurs nationaux encore peu compétitifs. En outre, l’adhésion nécessitera de renforcer les capacités institutionnelles du pays pour se conformer aux nombreuses exigences de l’OMC, notamment en matière de réglementation des services et de protection contre les pratiques commerciales déloyales.
Malgré ces défis, l’adhésion pourrait transformer l’Ouzbékistan en renforçant ses institutions commerciales et en rationalisant ses politiques réglementaires. De plus, cela lui permettrait de participer activement aux négociations commerciales internationales, ce qui pourrait protéger ses intérêts économiques à l’échelle mondiale.
L’Ouzbékistan abolit les monopoles et harmonise ses lois avec les principes de l’OMC
Enfin, pour concrétiser cette adhésion, l’Ouzbékistan s’est engagé dans une série de réformes législatives et économiques, telles que l’élimination des droits exclusifs de grandes entreprises publiques dans plusieurs secteurs et l’harmonisation de ses lois avec les accords de l’OMC. Ces efforts démontrent la volonté du gouvernement de créer un environnement économique plus ouvert et compétitif, en ligne avec les principes de l’OMC.
En somme, bien que le chemin vers l’adhésion à l’OMC soit encore long et parsemé de défis, l’Ouzbékistan semble déterminé à rejoindre cette organisation, convaincu que cela contribuera à son développement économique et à son intégration dans l’économie mondiale.