Les autorités turkmènes mobilisent des travailleurs pour la récolte de coton : enseignants et fonctionnaires en première ligne
coton

Dans la province de Lebap au Turkménistan, les fonctionnaires et les enseignants sont mobilisés pour la récolte annuelle de coton à partir du 20 août 2024. Cette mobilisation, organisée par les autorités, fait ressurgir des questions sur les pratiques de travail forcé dans le pays.

Récolte de coton au Turkménistan : les conditions de travail inhumaines pointées du doigt

Les autorités de la province de Lebap, au Turkménistan, ont ordonné la mobilisation à partir du 20 août 2024 de fonctionnaires et d’enseignants pour participer à la récolte annuelle de coton, révèle la radio Azathabar, le service turkmène de Radio Liberty. Chaque année, des milliers de travailleurs du secteur public sont ainsi réquisitionnés pour prêter main-forte dans les champs, sous peine de sanctions disciplinaires. Bien que les autorités insistent sur le caractère volontaire de cette participation, la réalité est toute autre. Les employés des services publics, y compris les enseignants, sont contraints de quitter leur poste pour aller récolter le coton, une activité exténuante qui se déroule souvent dans des conditions difficiles. Ces travailleurs, en grande majorité des femmes, se voient ainsi dépossédés de leur temps de travail habituel pour contribuer à l’économie nationale, sous le contrôle strict des autorités locales.

Cette situation n’est pas nouvelle au Turkménistan, où la récolte de coton revêt une importance stratégique pour l’économie du pays. Cependant, la méthode de mobilisation des fonctionnaires et des enseignants fait l’objet de critiques, notamment en raison des conditions inhumaines auxquelles ces travailleurs sont confrontés. En effet, ils sont non seulement contraints de quitter leur travail pour des périodes prolongées, mais doivent également faire face à une pression constante pour atteindre des quotas de production irréalistes. Les enseignants, par exemple, se retrouvent dans l’incapacité de remplir leurs obligations professionnelles, ce qui a un impact direct sur l’éducation des élèves. De plus, ces réquisitions se font sans compensation financière, et les travailleurs mobilisés doivent souvent couvrir eux-mêmes les frais de transport et de nourriture pendant leur séjour dans les champs.

Pour la première fois, les mineurs ne seront pas appelés à récolter le coton en 2024

Malgré ces pressions, une nouvelle réglementation a récemment été introduite pour limiter l’exploitation des plus vulnérables. En effet, les autorités turkmènes ont officiellement interdit l’emploi de mineurs dans la récolte de coton, en réponse aux critiques internationales sur le travail des enfants. Cette interdiction semble être une tentative de répondre aux préoccupations des organisations de défense des droits de l’homme, qui dénoncent depuis longtemps les pratiques abusives dans ce secteur. Cependant, l’application de cette réglementation reste incertaine, et de nombreuses familles continuent de dépendre du travail de leurs enfants pour subvenir à leurs besoins.

L’interdiction du travail des mineurs est une mesure positive, mais elle ne résout pas les problèmes sous-jacents du système de mobilisation forcée des adultes. Les autorités turkmènes continuent de compter sur le travail non rémunéré des fonctionnaires et des enseignants pour soutenir l’industrie du coton, perpétuant ainsi une forme de travail forcé institutionnalisé. Ce recours massif à la main-d’œuvre publique soulève des questions sur les droits des travailleurs au Turkménistan, un pays où les libertés individuelles sont déjà fortement restreintes. Les répercussions sociales et économiques de cette politique sont profondes, touchant non seulement les travailleurs eux-mêmes, mais aussi leurs familles et la société dans son ensemble.

Illustration www.freepik.com.

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