Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, dévoilera un programme d’aide économique destiné à l’Asie centrale lors d’une rencontre avec les cinq chefs d’État de la région, début août 2024. Ce plan vise à renforcer les liens avec cette région stratégique, dominée par l’influence chinoise et russe, à travers le développement durable et la création de nouvelles routes commerciales.
Contournement de la Russie et décarbonation
Lors de sa visite en Ouzbékistan, au Kazakhstan et en Mongolie du 9 au 12 août, le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, proposera un ensemble d’initiatives économiques visant à soutenir le développement durable en Asie centrale. La principale mesure consiste à établir une route commerciale à travers la mer Caspienne, reliant l’Asie centrale à l’Europe sans passer par la Russie. Cette initiative, espérée comme un moyen de garantir une indépendance économique de la région, s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes avec Moscou.
En plus de la route commerciale, le Japon souhaite promouvoir la décarbonisation en utilisant des technologies et des prêts de sociétés japonaises. Cela inclut notamment l’aide au traitement du gaz naturel. Ces mesures sont alignées avec les objectifs régionaux de neutralité carbone et de développement durable. En outre, le Japon prévoit d’accepter des travailleurs qualifiés en provenance d’Asie centrale, favorisant ainsi les échanges interpersonnels et la formation de talents.
Le Japon place ses pions en Asie centrale
L’Asie centrale, riche en ressources naturelles telles que le gaz et le pétrole, est devenue un terrain de compétition pour les grandes puissances mondiales. La Chine a considérablement étendu son influence économique dans la région par le biais de sa « Belt and Road Initiative », tandis que les États-Unis et l’Union européenne cherchent également à renforcer leurs liens avec ces pays.
Le sommet au Kazakhstan permettra au Japon de réitérer son soutien aux efforts régionaux pour atteindre la neutralité carbone. En offrant des technologies de pointe pour les centrales électriques à faible émission de carbone, Tokyo espère aider ces nations à produire des exportations à forte valeur ajoutée, comme l’hydrogène et les engrais fabriqués à partir de gaz naturel.
En outre, l’agenda du sommet abordera le projet de route maritime Caspienne, une alternative stratégique au transit via la Russie. Le Japon proposera également une assistance numérique pour améliorer les procédures douanières, facilitant ainsi le commerce international.
Le Japon, nouvelle destination pour la main-d’œuvre d’Asie centrale ?
Les relations économiques et sécuritaires avec Moscou restent profondes, trois des cinq pays d’Asie centrale participant à l’Organisation du Traité de Sécurité Collective dirigée par la Russie. Cependant, la région est à la recherche de nouvelles destinations pour ses travailleurs, en particulier à cause des sanctions économiques croissantes contre Moscou. Le Japon, par son programme de travailleurs qualifiés, pourrait offrir une alternative attrayante.
L’Asie centrale, avec ses vastes ressources naturelles, dont l’uranium et les métaux résistants à la corrosion comme le chrome au Kazakhstan, est une région d’intérêt stratégique. Le Japon profitera de ce sommet pour discuter de l’établissement d’un réseau d’approvisionnement en minéraux clés, renforçant ainsi sa position dans cette compétition géopolitique et économique.
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