Vers une plateforme de paiement unique pour l’Organisation de coopération de Shanghai
l'Organisation de coopération de Shanghai

Les pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai explorent la possibilité de créer une plateforme unique pour les paiements en monnaies nationales, a fait savoir Janesh Kane, le secrétaire général adjoint de l’organisation. Bien que le projet présente de nombreuses complexités juridiques et techniques, il pourrait considérablement accroître les échanges commerciaux entre les membres, notamment en réponse aux sanctions internationales.

Défis juridiques et techniques de la création d’une plateforme unique

L’Organisation de coopération de Shanghai se penche sur la possibilité de mettre en place une plateforme unique pour les paiements en monnaies nationales. Cette initiative, confirmée par le secrétaire général adjoint de l’organisation, Janesh Kane, est motivée par le désir des États membres d’utiliser leurs monnaies nationales dans les transactions commerciales et les investissements. Toutefois, plusieurs défis juridiques et techniques doivent être surmontés avant que ce projet ne puisse voir le jour.
D’un point de vue juridique, chaque pays membre de l’OCS possède son propre cadre réglementaire, ce qui complique l’harmonisation nécessaire pour une plateforme commune. La création d’une infrastructure numérique et financière capable de gérer les transactions entre dix pays aux systèmes variés est une tâche complexe. Comme l’a souligné Janesh Kane, il est essentiel de formuler une base juridique solide pour réguler le commerce et les investissements dans ce nouveau cadre.

Avancées des paiements en monnaies nationales au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai

Parallèlement à ces efforts, les membres de l’Organisation de coopération de Shanghai travaillent également à augmenter la part des paiements en monnaies nationales dans leurs échanges. Par exemple, la Russie a déjà proposé son propre mécanisme de paiement, et la proportion de paiements en monnaies nationales dans ses transactions commerciales avec les autres membres de l’Organisation de coopération de Shanghai a atteint 92% au cours des quatre premiers mois de 2024.

Le cas des transactions entre la Russie et la Chine est particulièrement révélateur : la part des paiements en roubles et en yuans est passée de 20% en 2020 à 90% en 2023. De plus, le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a indiqué que les échanges avec la Russie en monnaies nationales représentent déjà plus de 70% de leurs transactions. Les autres pays d’Asie centrale, comme le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan, voient également une augmentation significative des transactions en monnaies nationales.

Les perspectives et les obstacles d’une infrastructure de paiement intégrée

Le développement d’une infrastructure de paiement intégrée en monnaies nationales est crucial dans le contexte actuel de sanctions économiques. Moscou a proposé un mécanisme de paiement spécifique pour l’Organisation de coopération de Shanghai en réponse à l’exclusion de la Russie du réseau SWIFT. Cette situation a accéléré les efforts pour créer une alternative viable. Toutefois, les divergences entre les membres de l’Organisation de coopération de Shanghai posent des défis importants. La Chine, par exemple, favorise l’utilisation du yuan, ce qui suscite des réticences de la part de l’Inde, qui préconise une base plus neutre.

Un autre obstacle réside dans la convertibilité limitée de certaines monnaies nationales. Par exemple, le surplus commercial de la Russie avec l’Inde a conduit à une accumulation de roupies indiennes difficilement utilisables. Cette situation met en lumière les défis que représente la mise en place d’une monnaie unique pour les échanges commerciaux internationaux.

L’exemple du BRICS et les leçons à tirer pour l’Organisation de coopération de Shanghai

L’Organisation de coopération de Shanghai pourrait s’inspirer des initiatives du BRICS, un groupe dont quatre membres (la Russie, la Chine, l’Inde et l’Iran) font également partie de l’Organisation de coopération de Shanghai. Le BRICS travaille activement sur une plateforme de paiement en monnaies nationales, avec des résultats concrets. Par exemple, la Russie prévoit de lancer le rouble numérique d’ici 2025-2027, tandis que la Chine expérimente déjà le yuan numérique dans plusieurs villes.

Cette nouvelle infrastructure de paiement numérique pourrait réduire l’impact des sanctions occidentales, qui compliquent actuellement les transactions financières internationales. Certaines des plus grandes banques chinoises ont suspendu les paiements en provenance de Russie par crainte de sanctions secondaires de la part des États-Unis. Toutefois, des progrès sont réalisés pour résoudre ces problèmes, comme l’a indiqué Vladimir Poutine après sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping.

Le succès de cette initiative dépendra de la capacité des pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai à surmonter leurs divergences et à coopérer pour créer une plateforme de paiement efficace et résiliente. Des alternatives, telles que la création d’un fonds monétaire pour les États membres ou l’utilisation des monnaies numériques, pourraient offrir des solutions viables pour renforcer la coopération économique au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai.

Newsletter

Pour rester informé des actualités de l’Asie centrale