Selon le Fonds monétaire international, la croissance économique de Turkménistan pour 2023 a été significativement surestimée par le gouvernement. Cet écart soulève une nouvelle fois des questions sur la fiabilité des statistiques économiques publiées par l’État.
PIB du Turkménistan : entre les estimations officielles et les estimations internationales, il y a un fossé
Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment remis en question les chiffres de croissance économique annoncés par Turkménistan. Selon les autorités turkmènes, le produit intérieur brut (PIB) aurait connu une hausse de 6,3% en 2023. Cependant, les experts du FMI, après une mission d’évaluation économique dans le pays, ont estimé cette croissance à seulement 2%, soit plus de trois fois inférieure aux chiffres officiels. Cette divergence met en lumière les incertitudes entourant la transparence et la véracité des données économiques fournies par le gouvernement de Turkménistan.
Durant leur visite, qui a eu lieu entre le 27 mars et le 9 avril 2024, les délégués du FMI ont rencontré divers représentants gouvernementaux et du secteur privé pour discuter des politiques économiques et des risques associés. Ils ont également souligné la nécessité d’une réforme monétaire urgente, incluant l’unification des taux de change officiels et du marché noir pour réduire les distorsions économiques et améliorer la gestion des vulnérabilités.
Le double taux de change, un serpent des mers au Turkménistan
L’une des recommandations clés du FMI est la réforme du système de taux de change. Actuellement, le manat, la monnaie nationale, est soumis à un double taux de change : un officiel fixé par le gouvernement et un autre, beaucoup plus élevé, sur le marché noir. Cette situation crée une économie parallèle où les grandes entreprises trouvent des moyens de convertir leurs fonds tandis que les petites entreprises et les citoyens ordinaires subissent les conséquences d’une conversion monétaire limitée.
Les inégalités engendrées par cette dualité affectent directement le pouvoir d’achat des Turkmènes. Les salaires et les pensions sont calculés sur la base du taux officiel, tandis que les prix des biens et services importés dépendent du taux noir, significativement plus élevé. Cette disparité mène à une baisse de la qualité de vie et à une augmentation de la pauvreté, malgré les affirmations gouvernementales de croissance économique. Les recommandations du FMI suggèrent une transition progressive vers moins de contrôle étatique sur l’économie et l’amélioration de l’accessibilité et de la fiabilité des statistiques économiques pour favoriser une meilleure transparence et confiance dans les données économiques nationales.