L’accroissement des sentiments xénophobes en Russie, particulièrement après l’arrestation de citoyens tadjiks suite à l’attentat du 22 mars 2024 à Moscou, a intensifié les craintes parmi les migrants tadjiks. Entre annulations de billets prévus pour la Russie et retours précipités au Tadjikistan, la communauté tadjike est en proie à l’angoisse.
Annulations et retours forcés : les Tadjiks ne sont plus du tout les bienvenus en Russie
La montée de la xénophobie en Russie, amplifiée par l’arrestation de Tadjiks accusés d’un attentat terroriste, a provoqué une onde de choc parmi les migrants tadjiks. Nombre d’entre eux, ayant préalablement acheté des billets pour la Russie, choisissent désormais d’annuler leur voyage, tandis que d’autres, craignant des persécutions ethniques, retournent précipitamment au Tadjikistan. Selon les voyagistes de Douchanbé, interrogés par la radio Ozodi, le service tadjik de Radio Liberty, la demande pour des billets vers la Russie a considérablement diminué depuis l’attentat. Malgré les affirmations des autorités russes selon lesquelles la situation pour les étrangers n’a pas changé, la réalité est toute autre.
Selon les informations de Migrant Media, de nombreux Tadjiks sont actuellement bloqués à l’aéroport Sheremetyevo de Moscou. Beaucoup ont manifestement été interdits d’entrée en Russie et attendent d’être déportés, d’autres ont reçu l’ordre d’attendre de connaître leur sort. Des images prises dans le principal aéroport du pays et publiées sur les réseaux sociaux montrent des dizaines de personnes dormant à même le sol dans le hall des arrivées. Ils disent que la plupart d’entre eux n’ont plus d’argent et n’ont pas de quoi acheter de la nourriture. Les auteurs de la vidéo exhortent leurs compatriotes qui songent à se rendre en Russie à renoncer à leur voyage et à annuler leurs billets.
Manas Joldoshbekov, consul à l’ambassade du Kirghizstan en Russie, a déclaré à Radio Azattyk, le service kirghize de Radio Liberty, que ces derniers jours, les autorités russes ont renvoyé au moins 51 personnes au Kirghizstan et qu’elles prévoyaient d’en renvoyer au moins 20 autres. Le gouvernement kirghize recommande à nouveau aux citoyens de s’abstenir temporairement de se rendre en Russie, au moins jusqu’à ce que le régime de contrôles renforcés aux frontières soit levé dans ce pays.
« Nous avons envoyé une note officielle à la partie russe en raison de la situation dans laquelle se trouvent nos citoyens », a déclaré Bakyt Asanaliyev, secrétaire du département consulaire du ministère kirghize des Affaires étrangères. « En outre, des négociations appropriées ont été menées avec la police aux frontières de la Fédération de Russie. Nous avons également écrit une lettre à Aeroflot », a fait savoir le consul.
Une baisse notable des voyages et une inquiétude croissante
L’attentat au Crocus City Hall de Moscou a eu comme conséquence une chute du nombre de passagers aériens, mais aussi terrestres vers la Russie. Interrogé par les journalistes d’Ozodi, Orzubek Radjabov, qui transporte des passagers entre le Tadjikistan et la Russie en minibus, a observé une baisse drastique du nombre de personnes souhaitant faire le voyage, passant de sept à seulement deux ou trois personnes par jour. Les témoignages recueillis reflètent une peur généralisée parmi les Tadjiks de se rendre en Russie, bien que certains migrants restent convaincus de l’absence de danger.
Cette situation a également vu une augmentation sans précédent du nombre de Tadjiks déportés, principalement depuis Moscou, soulignant une période d’incertitude et de peur pour les migrants. Pendant ce temps, des voix s’élèvent au sein de la politique russe en faveur de l’établissement d’un régime de visas avec les pays d’Asie centrale, une mesure envisagée comme nécessaire pour réguler la migration et contrer le terrorisme.