Le Kirghizstan invite ses ressortissants expatriés à revenir travailler au pays
Russie

Face à une vague d’émigration massive à la recherche de salaires plus élevés, le Kirghizstan incite ses ressortissants à revenir au pays : 60.000 emplois sont à pourvoir prochainement, notamment dans des projets d’infrastructure majeurs, annonce le gouvernement.

Le Kirghizstan compte sur un retour massif au pays de ses ressortissants

Le ministre des Affaires étrangères du Kirghizstan, Zhēēnbek Kulubaev, a annoncé lors du forum « Sootechestvenniki-2023 » (« Compatriotes-2023 ») la création de 60.000 emplois destinés aux citoyens kirghizes revenant au pays. Cette initiative vise à inciter les Kirghizes partis travailler à l’étranger à revenir au pays. Parmi ces emplois, 10.000 à 30.000 seront générés par la construction de la ligne ferroviaire Chine-Kirghizstan-Ouzbékistan prévue pour 2024. Le projet de la centrale hydroélectrique de Kambarata est également mentionné comme un important pourvoyeur d’emplois.

Selon Zhēēnbek Kulubaev, l’émigration n’est pas un phénomène propre au Kirghizstan uniquement, c’est un phénomène mondial, même les pays développés n’y échappent pas. Cependant, après avoir acquis de l’expérience à l’étranger, il est préférable que les Kirghizes reviennent au pays pour contribuer à son développement, estime le ministre.
Lors de ce même forum, Gulnara Baatyrova, la ministre du Travail, a rappelé que le chômage a baissé de 7,7% ces deux dernières années. De plus, le Programme de développement du Kirghizstan jusqu’en 2026 vise à réduire encore le taux de chômage, en partie grâce au retour au pays de personnes parties gagner leur vie à l’étranger.

Les Kirghizes sont de plus en plus nombreux à venir en Russie

La destination principale des migrants kirghizes est la Russie. Depuis que le Kirghizstan a rejoint l’Union économique eurasienne en 2015 et jusqu’en 2022, le nombre de travailleurs migrants originaires du Kirghizstan travaillant en Russie a augmenté : il était de 400.000, il dépasse désormais le million. Au premier semestre 2023 en particulier, le ministère russe de l’Intérieur a enregistré une augmentation notable du nombre de ressortissants kirghizes arrivant dans le pays. Toujours d’après cette même source, la majorité des citoyens kirghizes sont arrivés à des fins d’emploi. Au total, ce sont 460.000 ressortissants kirghizes qui sont arrivées en Russie entre janvier et fin juin 2023. Cela représente une augmentation de 45% par rapport à la même période en 2022. En outre, le nombre de Kirghizes ayant obtenu un permis de séjour en Russie a augmenté de 11%.

La situation des expatriés kirghizes en Russie est raisonnablement confortable

Si les Kirghizes sont nombreux à travailler en Russie, ils ont également le droit de recevoir des soins médicaux sur un pied d’égalité avec les Russes. Ils bénéficient également des prestations de l’assurance sociale obligatoire en cas d’incapacité temporaire. Leurs revenus sont imposés au même taux que les ceux des Russes. Et, cerise sur le gâteau, ils sont dispensés de l’obtention d’un permis de travail.

Si aller travailler en Russie est aussi intéressant pour les Kirghizes, c’est aussi parce qu’au sein de l’Union Économique Eurasienne (UEE), les citoyens perçoivent des retraites indépendamment du pays de résidence. De plus, les travailleurs migrants qui sont citoyens du Kirghizistan et travaillent légalement en Russie, au Kazakhstan, au Belarus ou en Arménie cotisent aux fonds de pension de ces pays, et leurs semestres sont comptabilisés. Lorsqu’ils rentrent dans leur pays et atteignent l’âge requis, les économies réalisées sont transférées et ajoutées à la pension locale. Ou bien, s’ils restent dans leur pays d’accueil, ils ont droit à la pension tant du pays d’accueil que du pays d’origine.

Cela dit, on ne peut pas nier que le Kirghizstan a également besoin qu’une partie non négligeable de ses ressortissants vivent et travaillent en Russie. Il faut savoir que ces derniers envoient tous les mois de l’argent à leurs familles restées au pays. En termes monétaires, ces transferts correspondent à environ un quart du PIB du Kirghizstan.

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