Le Kirghizistan pourrait rejoindre la liste des pays cherchant à bannir l’application TikTok. Les autorités kirghizes évoquent des préoccupations quant à l’impact négatif de la plateforme sur le développement mental et la santé des enfants.
Le 30 août, le ministère de la Culture du Kirghizistan a exprimé ses inquiétudes concernant TikTok, mettant en avant les contenus potentiellement « nocifs » et l’absence de restrictions d’âge sur l’application. Selon le ministère, TikTok « plonge les utilisateurs dans un monde virtuel de courtes vidéos, et après les avoir visionnées, de nombreux adolescents tentent d’imiter certains contenus, dont certains peuvent s’avérer dangereux« .
Un contexte plus large de censure
Cette démarche contre TikTok s’inscrit dans une tendance plus large au Kirghizistan, où le gouvernement renforce la censure au nom de la préservation de la stabilité sociale et politique. Plus tôt ce mois-ci, le bureau du procureur général a annoncé son intention de fermer un média indépendant, arguant que sa couverture critique des événements actuels suscitait un mécontentement émotionnel parmi le public.
Le Kirghizistan n’est pas le seul pays à exprimer des réserves à l’égard de TikTok. Comme le rapporte le New York Times, des législateurs de nombreux pays occidentaux, dont les États-Unis et le Canada, cherchent à limiter l’accès à la célèbre plateforme chinoise. Cependant, dans la plupart de ces cas, les motivations officielles pour interdire TikTok sont maquillées en préoccupations sur le partage de données des utilisateurs avec les agences gouvernementales chinoises.
Position du Kirghizistan sur TikTok : surtout ne pas froisser la Chine
Mais contrairement à d’autres pays, le Kirghizistan maintient une ligne pro-chinoise, évitant ainsi soigneusement les arguments géopolitiques. En effet, les gouvernements kirghizes successifs ont eux-mêmes adoptés une attitude plutôt passive face à la collecte de données personnelles de leurs citoyens par les services de sécurité chinois. En 2019, l’ancien président Sooronbai Jeenbekov avait même supervisé l’ouverture d’un centre de contrôle de la police à Bichkek, destiné entre autres à traiter les données d’un réseau de caméras de surveillance installées par la Chine, dont beaucoup étaient équipées de technologie de reconnaissance faciale.
Effectivement, dans ce contexte, il aurait été cocasse d’accuser l’application téléphonique de violer la vie privée.
Néanmoins, la possible interdiction de TikTok au Kirghizistan soulève des questions sur la balance entre la protection des jeunes utilisateurs et la liberté d’expression. Alors que certains voient cette démarche comme une mesure nécessaire pour protéger les enfants, de nombreux observateurs y voient une autre étape vers une censure de plus en plus forte.