Dans son discours annuel sur l’état de la nation, le Président Kassym-Jomart Tokaïev a dévoilé les grandes lignes d’une nouvelle vision économique pour le Kazakhstan, mettant l’accent sur l’inclusivité de la croissance et le pragmatisme des mesures. Une vision résolument libérale, en faveur des petites et des moyennes entreprises.
Un tournant libéral
C’est le grand discours annuel du chef de l’État au Kazakhstan : chaque 1er septembre, les présidents kazakhstanais prennent la parole pour annoncer et expliquer les grandes orientations de leur politique. Une sorte de « discours sur l’état de l’Union » américain, mais au cœur de l’Asie centrale.
Et cette année, l’économie a figuré en bonne place dans le discours du chef de l’État : si les progrès pour la protection des droits de l’Homme et de l’État de droit ont été rappelés, c’est surtout le virage résolument « pro-entreprises » adopté depuis 2022 qui a été défendu à la tribune du Parlement kazakh par Kassym-Jomart Tokaïev.
Des indicateurs économiques prometteurs
Car malgré un contexte géopolitique complexe, le Kazakhstan a su maintenir des tendances positives sur l’ensemble de ses indicateurs économiques clés. L’année précédente, le produit intérieur brut du pays a atteint environ 226,2 milliards de dollars. De plus, le pays a enregistré un investissement direct étranger record de 28 milliards de dollars et un commerce extérieur s’élevant à 136 milliards de dollars.
Une dynamique de croissance exceptionnelle, portée par la libéralisation de nombreux secteurs clefs et les nombreuses mesures de soutiens aux entreprises privées adoptées par le gouvernement kazakhstanais depuis quelques années.
L’objectif de la diversification économique
Dans son discours, Kassym-Jomart Tokaïev a notamment mis l’accent sur la nécessité d’une diversification économique, principalement dans des secteurs de la métallurgie, du pétrole, du gaz, de la chimie du charbon, de l’ingénierie lourde, de la conversion et de l’enrichissement de l’uranium, des composants automobiles et des engrais. Autant de secteurs industriels, performants, mais encore ankylosés par des lourdeurs de certaines gigantesques entreprises parapubliques.
Mais le chef de l’État kazakhstanais a également souligné l’importance du potentiel touristique de son pays, encore largement sous-exploité : immense, composé de paysages à couper le souffle, le Kazakhstan souffre encore d’une offre hôtelière sous-dimensionnée, insuffisante pour répondre correctement à la forte demande des touristes étrangers.
Et sur un tout un autre registre, Kassym-Jomart Tokaïev a appelé les entrepreneurs kazakhstanais à développer pour les prochaines années une industrie de la défense nationale, afin d’assurer au pays une souveraineté sur une partie de son matériel militaire.
Enfin, face aux défis environnementaux posés par les nombreuses industries extractives et devant l’augmentation des accidents du travail — sujet de plus en plus politique au Kazakhstan —, le chef de l’État kazakhstanais a annoncé prochainement de nouveaux projets de loi, censés mieux encadrer les pratiques des entreprises. Le discours fut d’ailleurs particulièrement technique sur certains points, évoquant par exemple la nécessité de réformer le système de gestion de l’exploration géologique et du secteur minier pour mieux exploiter potentiel inexploité du Kazakhstan en matière de découvertes géologiques.
En bref, un discours qui dessine en filigrane les ambitions économiques et sociales du gouvernement kazakhstanais : libéraliser certains secteurs, mieux encadrer le travail des entreprises, améliorer la protection des salariés et développer de nouveaux leviers de croissance, dans le secteur minier, l’industrie de défense et le tourisme. À suivre désormais dans l’actualité politique et parlementaire kazakhstanaise comment ces annonces seront-elles retranscrites dans la loi.