Le Kazakhstan, premier producteur mondial d’uranium, utilisé dans les centrales nucléaires du monde entier, se trouve à un carrefour décisif. Le président Kassym-Jomart Tokaïev a proposé vendredi 1er septembre 2023 la tenue d’un référendum national sur la construction d’une centrale nucléaire. Une initiative qui suscite de vives réactions compte tenu de l’histoire nucléaire du pays.
Le Kazakhstan cherche une stabilité énergétique
Le Kazakhstan, malgré sa position dominante en tant que premier producteur d’uranium au monde, est régulièrement confronté à des crises énergétiques. Mais, malgré cette situation, la pertinence de construire une centrale nucléaire sur son territoire divise.
D’une part, la logique économique et industrielle plaide en faveur de l’exploitation de cette ressource. En tant que premier producteur mondial, le Kazakhstan n’aurait en effet pas de difficultés à se procurer de l’uranium. Mais, d’autre part, la sécurité des centrales nucléaires est une préoccupation majeure pour de nombreux citoyens et experts.
L’ombre de Semipalatinsk reste vive
Si la population kazakhe est réticente à l’énergie nucléaire, c’est à cause de son histoire. La mémoire collective kazakhe est encore marquée par les essais nucléaires réalisés par l’Union soviétique sur le site de Semipalatinsk de 1949 à 1991.
Ces essais, au nombre de 468, ont eu des conséquences dévastatrices pour la population locale. Les charges explosées étaient 2.500 fois plus puissantes que la bombe d’Hiroshima. Aujourd’hui encore, les régions avoisinantes subissent les effets de ces tests liés à la Guerre Froide. Un traumatisme majeur qui explique que l’énergie nucléaire ne jouisse pas d’une bonne réputation dans le pays. Toutefois, il ne s’agirait pas d’essais d’armement nucléaire mais bien de lancer un chantier pour la construction d’une centrale.
Un référendum démocratique pour un avenir nucléaire
La population étant divisée, le président Tokaïev a opté pour une approche démocratique. Vendredi 1er septembre 2023, il a donc annoncé que la décision de construire une centrale nucléaire sera soumise au vote de la population, par le biais d’un référendum national.
Une véritable révolution politique pour le Kazakhstan : les trois derniers référendums qui se sont tenus dans le pays étaient principalement des formalités. Cependant, cette fois-ci, la question posée revêt une importance particulière.
« La construction ou non d’une centrale nucléaire est une question extrêmement importante pour l’avenir de notre pays. Je propose donc de la soumettre à un référendum national, nous déciderons plus tard du calendrier précis », a déclaré M. Tokaïev lors de son discours à la nation du 1er septembre.