L’Empire kouchan, qui s’étendait autrefois sur une vaste région englobant l’actuel Tadjikistan et l’Ouzbékistan, mais aussi l’Afghanistan et le Pakistan, a laissé derrière lui des inscriptions mystérieuses qui ont intrigué les chercheurs pendant des décennies. Aujourd’hui, une avancée majeure dans le déchiffrement de cette écriture pourrait bien éclairer d’un jour nouveau l’histoire de cette civilisation.
Jusqu’à récemment, l’écriture kouchane demeurait une énigme pour les linguistes. Cependant, une équipe de chercheurs du Département de linguistique de l’Université de Cologne affirmait avoir partiellement déchiffré cette écriture mystérieuse. Bien que seul 60% des 25 à 30 caractères kouchans aient été décodés, cette avancée représente une étape cruciale. Les résultats de cette recherche ont été publiés dans la revue Transactions of the Philological Society, sous le titre évocateur « A Partial Decipherment of the Unknown Kushan Script« .
Des découvertes clés pour le déchiffrement
Le tournant dans cette quête de compréhension est survenu avec la découverte, en 2022, d’une inscription bilingue dans les gorges d’Almosi, au Tadjikistan. Cette inscription présentait à la fois l’écriture kouchane inconnue et la langue bactrienne, déjà connue des chercheurs. L’inscription bilingue, analysée minutieusement avec l’aide de l’archéologue tadjik Bobomullo Bobomulloev, a permis d’identifier les valeurs phonétiques de certains caractères.
L’écriture kouchane semble cacher une langue iranienne dite « moyenne », distincte du bactrien et du khotanais. Cette langue, baptisée provisoirement « Eteo-tokharien », aurait été l’idiome officiel de l’empire, aux côtés du bactrien, du gandhari et du sanskrit.
L’Empire kouchan : un carrefour culturel et religieux, du Tadjikistan à l’Inde
L’Empire kouchan, fondé par Kujula Kadphises, a joué un rôle prépondérant dans la diffusion du bouddhisme en Asie de l’Est. Sous le règne de Kanishka le Grand, l’art de Gandhara a prospéré, mêlant influences gréco-romaines, indiennes et perses. Les Bouddhas de Bâmiyân, détruits en 2001 par les talibans, témoignaient de cette grandeur kouchane. L’Empire était également un territoire de syncrétisme religieux, comme en témoignent les divinités représentées sur les pièces de monnaie de cette époque.
Le déchiffrement partiel de l’écriture kouchane ouvre une nouvelle fenêtre sur l’histoire et la culture de l’Empire kouchan. Cette avancée, bien que partielle, promet de nouvelles découvertes passionnantes dans les années à venir, enrichissant ainsi notre compréhension d’une civilisation autrefois florissante en Asie centrale.