Le Kirghizistan, seul pays d’Asie centrale où les femmes sont plus nombreuses que les hommes à partir travailler à l’étranger
Au Kirghizstan, Nadira Narmatova, une députée conservatrice, a récemment proposé d’interdire aux femmes de moins de 23 ans de partir à l’étranger pour y chercher du travail. Sa proposition a été formulée lors d’une discussion portant sur les femmes et la migration le 24 mai 2023. Elle a critiqué les hommes qui, selon elle, envoient leurs épouses et filles travailler à l’étranger tandis qu’eux-mêmes restent au pays.
Le Kirghizistan est le seule pays d’Asie Centrale où les femmes migrantes travailleuses sont plus nombreuses que les hommes. Parmi ces femmes, une proportion notable est âgée de moins de 20 ans.
Pour le député Shailoobek Atazov, les femmes célibataires qui vont à l’étranger sont des prostituées
Cette proposition a été largement critiquée par les militants des droits des femmes, qui la considèrent comme une violation de leurs droits. Les protestataires ont même demandé la démission de Shailoobek Atazov, autre député conservateur, qui a soutenu la mesure de Narmatova et a suggéré que les femmes justifient leurs raisons de franchir la frontière auprès des autorités. « Quand nous avons souhaité veiller à la sécurité des filles de 18 ans qui partent, vous venez manifester devant le parlement en mini-jupes ! Dites : ‘Nous avons 18 ans, nous savons nous-mêmes où aller’« , a déclaré Atazov aux législateurs le 26 mai 2023, faisant référence aux manifestations de 2022.
En réponse aux appels de ces deux députés, le ministère des Affaires étrangères du Kirghizstan a déclaré le 30 mai 2023 que la non-délivrance d’un passeport à une femme célibataire de moins de 23 ans enfreindrait la Constitution du pays. Toutefois, le ministère a également affirmé qu’il étudiait des moyens pour assurer la sécurité des migrants kirghizes à l’étranger, soulignant ainsi la complexité de cette question.
La menace d’être privées de passeport plane depuis une décennie pour les jeunes femmes kirghizes
Ces appels récents font écho à une proposition controversée faite il y a 10 ans par la députée Yrgal Kadyralieva, qui proposait d’interdire aux filles de moins de 23 ans de quitter le pays sans la permission de leurs parents. Les restrictions de voyage proposées par cette députée ne devaient s’appliquer qu’aux femmes qui iraient à l’étranger pour chercher du travail sur place, et non aux femmes qui ont reçu des offres spécifiques d’emploi ou d’études à l’étranger. Selon Yrgal Kadyralieva, sa proposition était motivée par le désir de protéger les jeunes femmes kirghizes de la menace de l’exploitation sexuelle et de la traite des êtres humains.
La plupart des quelque 30.000 migrants kirghizes en Turquie sont des femmes. Beaucoup d’entre elles sont employées dans le secteur de l’hôtellerie, ainsi que dans des maisons privées, où elles travaillent comme infirmières, femmes de chambre et nounous.
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